Maroc : utilisé, ensuite jetté par la DGED

Un journaliste marocain raconte son instrumentalisation : La propagande du makhzen mise au jour

Le journaliste marocain, directeur de publication de l’hebdomadaire Sahara, Mohamed Réda Toundji a dévoilé comment il a été recruté et instrumentalisé par les services de renseignement militaire marocains (direction générale des études et de la documentation) pour la propagande de la position du Royaume vis-à-vis du conflit au Sahara Occidental et l’occultation de la question sahraouie.

Dans un enregistrement vidéo relayé sur les réseaux sociaux, Mohamed Réda Toundji a dévoilé les missions qu’il a accompli à l’intérieur et à l’extérieur du Maroc pour des « objectifs qui n’étaient pas claires » pour lui et comment il a été instrumentalisé, durant deux années, par les Services, avant d’être « abandonné après que le cumul des dettes de son journal ».

La genèse, explique-t-il, remonte à la mission de gérer un hebdomadaire, crée et financé par les Services, sous le commandement de Mohamed Yacine El Mansouri, sous l’appellation de Sahara dont l’objectif est de faire la propagande de la position marocaine vis-à-vis de la question sahraouie, à travers —poursuit le journaliste— « la défense de l’intégrité territoriale du Maroc » et sa prétendue souveraineté sur le Sahara occidental à l’égard du soutien au droit du peuple sahraoui à la liberté et à l’indépendance.

« L’amateurisme de certains hauts fonctionnaires de l’Etat et de responsables au sein des Renseignements a mis fin à la mission avec une série de problèmes et de menaces, et ce en dépit des efforts que j’ai déployé pour régler l’affaire à l’amiable », raconte Mohamed Réda Toundji.

Dans ses détails sur cette affaire, le journaliste déclare « J’ai été rapproché par des responsables des Renseignements militaires marocains qui m’ont fait part de la décision de créer un nouveau journal, dont il pendront en charge tous les dépenses, pour la défense de la position du Maroc vis-à-vis du Sahara Occidental et sa « souveraineté sur ce territoire ».

« Il m’a été demandé de gérer ce journal et j’ai accepté pour servir mon pays et par ce que la mission me paraissait noble », a-t-il ajouté. Expliquant que « le journal n’avait pas de publicité car le projet n’était pas commercial et n’avait pas de but lucratif », il précise que face au cumul des dettes il avait demandé aux responsables une solution mais n’avait reçu que des promesses de contacts avec de grandes entreprises marocaines pour des ressources publicitaires.

« Deux ans après sa création, j’ai été surpris par la décision des Services de fermer le journal », poursuit Toundji. Racontant avoir contacté les services au sujet des dettes qui étaient en son nom dont des responsables ont nié toute responsabilité, le journaliste marocain déclare « je n’ai jamais cru que les Services pouvaient me faire porter toute la responsabilité alors que je croyais être au service d’une «cause nationale» ».

Evoquant, à ce propos, plusieurs correspondances et contacts avec de hauts responsables pour résoudre le problème, il affirme avoir reçu une lettre de menace émanant d’un responsable disant « j’ai été chargé de votre cas si vous persistez à nuire à l’image des Service ». Le journaliste marocain déclare que cette menace l’a poussé à dénoncer ce qu’il a qualifié de « mauvaise gestion » au sein des services de Renseignement marocains, ajoutant avoir contacter par écrit leur directeur, Mohamed Yacine El Mansouri pour demander des comptes aux responsables sur ce dossier.

« Je servais une cause nationale tandis qu’ils couraient après l’argent …. en fin de compte j’ai été menacé de mort », a soutenu Mohamed Réda Toundji. Le journaliste marocain a appelé —dans une dernière tentative— les Renseignements marocains a assumer leur responsabilité, faisant état de détournement de fonds, de biens et de terres par des agents, qui pour camoufler l’affaire l’ont menacé et accusé de « conspiration avec un Etat étranger », affirmant être disposé à comparaitre devant la justice et à apporter les preuves en sa possession.

Les déclarations de Mohamed Réda Toundji interviennent dans un contexte marqué par une recrudescence des répressions ciblant les journalistes indépendants au Maroc.

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