Main basse sur le Maroc et l’Algérie

 » Fabriquer de toutes pièces un complot, c’est souvent le meilleur moyen de cacher celui qu’on est en train de tramer. Tout complot suppose un stratège ». in « Le roi prédateur » ou « Main basse sur le Maroc » de Catherine Graciet et Eric Laurent. Editions du Seuil 2015.

Les coups de feu, qui auraient été tirés, il y a quelques mois, à l’extérieur du mur d’enceinte de la résidence présidentielle de Zéralda, et que les aventuriers du clan présidentiel ont utilisés comme prétexte grotesque pour accélérer la purge qu’ils avaient entreprise au sein de l’ANP, depuis le retour du président Abdelaziz Bouteflika de ses longs séjours dans les hôpitaux de Val de Grâce et des Invalides, en Juillet 2013, à la suite du « mini » AVC qui l’a foudroyé en Avril 2013, procèdent-ils de cette logique conspiratrice ?

Tout porte à le croire !

En raison des nombreuses similitudes qui existent entre les situations prévalant dans les deux pays, des formes et procédés de la prédation qui les mine et de la complicité des différents personnels politique, économique et financier français, ce livre aurait pu être intitulé « Le président prédateur » ou « Main basse sur l’Algérie.

Il suffirait seulement de remplacer « Mohamed VI et sa cour » par « Abdelaziz Bouteflika et son clan » et les noms des acteurs des différentes affaires, qui ont eu lieu au Maroc, par ceux impliqués dans les différents scandales qui ont secoué l’Algérie, depuis 1999 notamment.

Quelques courts extraits de ce livre :

« En Juillet 2009, le magazine américain Forbes publia sa liste annuelle des personnalités les plus riches du monde. Parmi les monarques, Mohamed VI figurait à la 7ème place, avec plus de 2,5 milliards de dollars US » page 11.

Abdelaziz Bouteflika y figurait aussi, en bonne place, parmi les présidents de la République.

« L’enrichissement effréné du souverain marocain et de quelques hommes à son service peut avoir des conséquences politiques incalculables, au moment où la population est touchée de plein fouet par une crise qui l’appauvrit et fragilise les classes moyennes ». page 14

« Mohamed VI n’a jamais accepté d’être interviewé par un journaliste marocain » page 15

« Principe de base au Maroc, secrété par le système. Tout homme détenteur d’une parcelle de pouvoir est un courtisan s’efforçant de toutes ses forces de défendre le roi pour mieux se protéger lui même. » page 16

« L’opinion se fait entendre dans les pays arabes, sauf au Maroc, où le roi et ses exécutants continuent de se livrer à la prédation…..Le Maroc est une mine à ciel ouvert où l’on est susceptible de puiser en toute impunité. Un monde où le sens de l’intérêt général et de l’intérêt national n’existe pas . » page 17

« Mohamed VI s’est livré à un coup d’Etat économique et financier » page 35

« La monarchie des copains et des coquins » page 53

« Il a tout donné aux Français », page 85

 » François Mittérand, interrogé sur une définition du pouvoir, avait répondu :  » le vrai pouvoir, c’est nommer », or au Maroc, il n’est pas une institution, un poste important, dont le dirigeant ne soit nommé par le roi », page 94

Abdelaziz Bouteflika use et abuse de son pouvoir de nomination et de limogeage des cadres de l’Administration civile et militaire et des diffrentes institutions économiques du pays.

« Aucun projet ( ou contrat) sans l’accord du roi », page 98

« Devancer les désirs du roi et lui donner satisfaction avant même qu’il les ait formulés permet d’apprécier le savoir-faire, la virtuosité d’un courtisan », page 100

« Toute tête qui dépasse devient, à tout moment, bonne à couper », page 107

Le fameux « tab djenanehom » de Bouteflika.

« Les droits et privilèges innombrables qui s’attachent à la fonction de roi, sont aussi étendus que ses devoirs sont flous et imprécis », page 113

« Les milliardaires cachés », l’agence de presse américaine Bloomberg définit comme tel un individu dont la fortune s’élève à 1 milliard de dollars américains ou plus et qui n’est jamais apparu sur une liste internationale et importante de gens riches », page 123

« La liberté d’expression sinistrée. La campagne de muselage des médias marocains vise à détourner l’attention des affaires du roi », page 153

« Caprices de roi », page 155

Les frasques d’Abdelaziz Bouteflika ne sont pas moins déroutantes et onéreuses , à l’image de la « Grande mosquée d’Alger » et future mosquée Bouteflika, avec son minaret de 300m et son coût, de plusieurs milliards de dollars.

« Un système devenu fou », page 177

« Le roi ne parle pas, ne communique pas », page 181

Bouteflika aussi.

« La France aveugle, sourde et muette », page 230

Ce qui est « mal » pour elle est « bien » pour les autres : gaz de schiste, corruption généralisée, désindustrialisation ou président handicapé, comme la triste, cynique et méprisante déclaration de François Hollande au sujet de « l’alacrité » d’Abdelaziz Bouteflika.

Rabah Toubal

Source : Diplomatie algérienne, 28 oct 2015

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