Le Maroc, paradis fiscal des dictateurs africains

Au coeur de l’Atlas, le Maroc est un royaume à la stabilité bien assise et même Al Qaida a du mal à y installer ses réseaux islamistes : la famille royale au pouvoir, depuis Hassan II, tient le pays dans une chape de plomb. Cette stabilité est devenue un puissant atout touristique et un attrait pour l’argent que de nombreux dictateurs viennent placer dans les banques marocaines. Il semble même qu’après les scandales de la FIBA, que Bongo et Sassou y aient racheté des banques pour faciliter le blanchiment de l’argent public détourné transformé ensuite en capitaux privés. Le Maroc qui entretient de bons rapports avec la France, est la plaque tournante du commerce du Haschich et de la résine de cannabis. C’est au Maroc que se fournissent gros et petits trafiquants français et mondiaux. Bien entendu, qu’au niveau officiel, Chirac qui possède un ranch à Teroudan, a fermé les yeux. Le cannabis est une drogue dite douce donc tolérée et de nombreux hommes politiques français puisent dans les volutes de fumée de chanvre leur inspiration républicaine. Alors, un mal pour un bien…

Au cours de ce mois de décembre 2007, les présidents Sassou Nguesso et Omar Bongo Ondimba, respectivement président du Congo et président du Gabon se sont rendus au Maroc. Nous y décelons cinq raisons principales :
Edith-Lucie-Sassou-Bongo-copie-1.jpg1) des raisons familiales : Edith Lucie Bongo Ondimba, fille Sassou, épouse Bongo s’y trouve. A la veille des fêtes, il est impensable que le père et le mari ne rendent pas visite à leur fille et épouse – la fin d’année étant l’occasion de voeux et de festivités. Il fallait s’y rendre avant les festivités officielles ponctuées de discours de fin d’année, etc. ;

2) des raisons médicales : Sassou et Bongo y vont pour des raisons médicales – ne serait-ce que pour des bilans de santé pour ce qui est d’Omar Bongo qui semble avoir une meilleure santé que Sassou. Il est bien connu qu’Hassan II tenait à se soigner chez lui, aussi, a-t-il doté le Maroc d’hôpitaux modernes où il est possible de se soigner en toute discrétion. Le Maroc est un pays de culture arabe où les Africains francophones ss risquent peu ; ce qui crée des conditions idéales de discrétion ;

3) Qui dit visite privée dit résidence privée car les voyages officiels imposent souvent pour des raisons de sécurité des résidences officielles. Conclusion : Sassou et Bongo y ont forcément des biens immobiliers, notamment de grandes villas fortifiées ;

4) des raisons financières d’obédience affairiste : Sassou et Bongo y vont pour affaires car ils possèdent au Maroc des banques privées dont le rachat a été divulgué par la très sérieuse Lettre du Continent : après l’affaire ELF et la compromission de la FIBA, la banque de la famille Bongo qui est toujours à la famille Bongo puisque Bongo l’a cédé à un proche, il fallait de nouveaux outils de blanchiment d’argent public. Le Maroc a présenté des opportunités.

Omar et Sassou ont des caches d’argent à résidence privée de Mme BONGO et à la BMCE, la banque marocaine qui a racheté la CAIC au congo.

Le Maroc qui ne fait pas partie de l’Union Africaine est une sorte de paradis fiscal situé sur le continent africain pour les dictatures et les dictateurs africains qui veulent qu’une partie de leur richesse échappe aux banques occidentales où il est parfois difficile de récupérer son flouze une fois le pouvoir perdu ou s’il y a embrouille (cf. le problème qui oppose Bongo et Tarallo sur des comptes secrets). L’avènement de Mohammed VI n’a pas changé les choses puisque le fils est dans la continuité et non dans la rupture avec le défunt père Hassan II, grand ami de dictateurs comme Mobutu ; ce qui donne une idée très claire sur la nature du pouvoir chérifien. Fort d’être la plaque tournante du trafic du cannabis, le Maroc est aussi un important point de passage des clandestins africains vers l’Europe.
undefinedLa stabilité politique du royaume chérifien est devenue un facteur d’attraction touristique et un lieu de villégiature où s’installent notamment des retraités français qui peuvent mener une vie au grand train avec une retraite de 800 euros ; ce qui est impossible en France. Nombreux y achètent de somptueuses villas qui seraient autrement inaccessibles en France à cause du coût exorbitant de l’immobilier français.

Pays très policier, les jeunes qui enquêtent sur les biens mal acquis auraient bien du mal à y trouver des infos. L’astuce serait de passer par des étudiants congolais qui s’y trouvent.

Dans le passé, le Maroc s’est illustré en soutenant militairement Mobutu au Katanga sous Hassan II, Mobutu qui y a trouvé refuge après avoir été chassé par Kabila fils, une fois que les capitales occidentales l’ont jugé indésirable (ça vous donne des leçons à un Sassou qui sait que s’il perd le pouvoir, les portes de l’Europe peuvent se refermer – alors de là à acheter des maisons au Maroc et à y investir…).

Source : Demain le Congo Brazaville, 28 déc 2007

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