Bollardière, un général contre la torture en Algérie

Cette année, le général de Bollardière vient d’avoir sa statue à Carhaix. Un geste, qui fera sans doute grincer des dents à la droite de la droite, mais illustre avant tout la complexité et la diversité des opinions dans les guerres françaises de décolonisation. Le général Jacques Pàris de Bollardière est l’un des militaires français les plus décorés de la Seconde Guerre mondiale et du XXe siècle, mais reste clivant pour s’être opposé à l’usage de la torture en Algérie, puis avoir marqué son opposition au essais nucléaires français.

Bollardière, surnommé « Bollo », sert comme officier parachutiste en Indochine. En 1956, c’est l’un des officiers les plus titrés de l’armée française. Il a été nommé général, mais s’est porté volontaire pour commander des rappelés de l’armée de l’air en Algérie. Parmi eux se trouve d’ailleurs Jean-Jacques Servan-Schreiber qui vient de fonder L’Express et sera à la pointe du combat anti-colonial. Bollardière tente de renouer les liens avec la population et interdit les mauvais traitements. En mars 1957, alors que la bataille d’Alger bat son plein avec son lot d’exaction, Bollardière rencontre le général Massu et refuse de cautionner la torture et les exécutions sommaires pratiquées par les parachutistes français.

Pire pour la Grande muette, il parle. Le 27 mars 1957, il soutient Jean-Jacques Servan-Schreiber, inculpé pour atteinte au moral de l’armée après avoir ses reportages sur l’Algérie. Pour l’Etat-major, c’est un acte de désobéissance. Grand-croix de la Légion d’honneur, le général de Bollardière est condamné à deux mois d’arrêts en forteresse….

En 1961, il quitte l’armée et revient vivre en Bretagne. Ce « grand soldat », resté fidèle à son éthique chrétienne lui imposant de respecter ses adversaires et leur dignité confie : « la guerre n’est qu’une dangereuse maladie d’une humanité infantile qui cherche douloureusement sa voie. La torture, ce dialogue dans l’horreur, n’est que l’envers affreux de la communication fraternelle. Céder à la violence et à la torture, c’est, par impuissance à croire en l’homme, renoncer à construire un monde plus humain. »

L’ancien militaire se fait le chantre de la non-violence. En 1973, il participe à une campagne en Polynésie contre les essais nucléaires français. Bollardière est aussi breton. Dans les années 1970, il vient témoigner lors des procès des militants du FLB devant la Cour de Sûreté de l’Etat. Le général de Bollardière est décédé en 1986, à Guidel, où sa veuve continue de résider. En 2004, elle figurait sur la liste victorieuse de Jean-Yves Le Drian aux éléctions régionales.

Cette année, le général de Bollardière vient d’avoir sa statue à Carhaix. Un geste, qui fera sans doute grincer des dents à la droite de la droite, mais illustre avant tout la complexité et la diversité des opinions dans les guerres françaises de décolonisation. Le général Jacques Pàris de Bollardière est l’un des militaires français les plus décorés de la Seconde Guerre mondiale et du XXe siècle, mais reste clivant pour s’être opposé à l’usage de la torture en Algérie, puis avoir marqué son opposition au essais nucléaires français.

Il était né en 1907, à Châteaubriant, en Bretagne, dans une famille à la longue tradition militaire. Dès son plus jeune âge, il fait montre de caractère et se distingue par son insubordination à Saint-Cyr. Mais c’est parfois avec les rebelles qu’on fait les grands soldats. En 1939, il se distingue lors des combats à Narvick, en Norvège.

Après la débâcle, il rejoint en voilier, depuis Paimpol, les Français libres à Londres. Il est engagé en Afrique, notamment durant la bataille d’El Alamein où il est blessé. En avril 1944, il est parachuté en zone occupée pour organiser le maquis des Ardennes. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, il est décoré du prestigieux DSOB britannique, de la Croix de guerre (avec cinq citations) et fait partie des compagnons de la libération.

Bollardière, surnommé « Bollo », sert comme officier parachutiste en Indochine. En 1956, c’est l’un des officiers les plus titrés de l’armée française. Il a été nommé général, mais s’est porté volontaire pour commander des rappelés de l’armée de l’air en Algérie. Parmi eux se trouve d’ailleurs Jean-Jacques Servan-Schreiber qui vient de fonder L’Express et sera à la pointe du combat anti-colonial. Bollardière tente de renouer les liens avec la population et interdit les mauvais traitements. En mars 1957, alors que la bataille d’Alger bat son plein avec son lot d’exaction, Bollardière rencontre le général Massu et refuse de cautionner la torture et les exécutions sommaires pratiquées par les parachutistes français.

Pire pour la Grande muette, il parle. Le 27 mars 1957, il soutient Jean-Jacques Servan-Schreiber, inculpé pour atteinte au moral de l’armée après avoir ses reportages sur l’Algérie. Pour l’Etat-major, c’est un acte de désobéissance. Grand-croix de la Légion d’honneur, le général de Bollardière est condamné à deux mois d’arrêts en forteresse….

En 1961, il quitte l’armée et revient vivre en Bretagne. Ce « grand soldat », resté fidèle à son éthique chrétienne lui imposant de respecter ses adversaires et leur dignité confie : « la guerre n’est qu’une dangereuse maladie d’une humanité infantile qui cherche douloureusement sa voie. La torture, ce dialogue dans l’horreur, n’est que l’envers affreux de la communication fraternelle. Céder à la violence et à la torture, c’est, par impuissance à croire en l’homme, renoncer à construire un monde plus humain. »

L’ancien militaire se fait le chantre de la non-violence. En 1973, il participe à une campagne en Polynésie contre les essais nucléaires français. Bollardière est aussi breton. Dans les années 1970, il vient témoigner lors des procès des militants du FLB devant la Cour de Sûreté de l’Etat. Le général de Bollardière est décédé en 1986, à Guidel, où sa veuve continue de résider. En 2004, elle figurait sur la liste victorieuse de Jean-Yves Le Drian aux éléctions régionales.

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