«A qui appartient le Maroc?» : Un document explosif

Le journal espagnol el Cambio a publié il y a quelques semaines (en avril) une interwiew de Moumen Diouri. L’écrivain marocain y donnait quelques exemples des réponses contenues dans son livre à question que pose son titre: «A qui appartient le Maroc». A l’époque, Moumen Diouri n’avait pas encore trouvé d’éditeur mais il était déjà en discussion avec l’Harmattan, qui finalement, accepta de courir le risque.

Sous le titre «Le vrai Sultan de l’économie marocaine», El Cambio explique que «de la pêche aux mines d’or en passant par les oranges, Hassan II a des intérêts dans tous les secteurs» et que les révélations faites à ce sujet par Moumen Diouri sont tellement gênantes pour le souverain qu’il est en train d’essayer par tous les moyens d’empêcher leur publication. Le livre expose en détail le mécanisme de la mainmise royale sur l’économie marocaine par l’entremise d’une société héritée du protectorat français: l’Omnium Nord Africain (ONA).

Hassan II était, d’office, à la demande de la France, administrateur général de ce consortium créé en 1924 par le Français Jean Epinat avec la participation de sociétés française dont Paribas, qui cédera quelques années plus tard ses parts au roi devenu principal actionnaire. Une société est, selon Diouri «le voleur numéro 1 de l’économie marocaine». «Elle est propriétaire des mines, et 70% des bénéfices tirés de la vente d’or, d’argent, de cuivre, de zinc, des phosphates tombe dans les coffres royaux».

L’ONA se développe, s’étend achète les industries agro-alimentaires. «Le roi contrôle ainsi 92% des matières grasses (huile, beurre, lait), 60% de la distribution du sucre. Assurances, tourisme, montage automobile, transports, cosmétiques, immobilier… rien n’échappe à l’ONA qui contrôle aussi, 40% du capital des trois principales banques du pays. Le reste et entre les mains de sociétés françaises» affirme Diouri. «Or, pour investir au Maroc, il faut l’autorisation personnelle du roi».

Documents à l’appui, Diouri montre aussi comment le roi s’est approprié un cinquième des terres cultivables de son pays quand les paysans sont venus le voir, titres de propriété en main, après le départ des colons. «Personne n’a osé lui réclamer après, on ne contredit pas le commandeur des croyants» dit Diouri. Ses biens s’étendent aussi à l’étranger: il a acheté par exemple, avec l’ancien ministre franquiste, membre de l’Opus Dei Lopez Bravo, 2000 hectares de forêt au Brésil…

Diouri lance contre Hassan II d’autres accusations graves: il affirme par exemple: «Le roi du Maroc est l’un des principaux trafiquants de drogue du monde occidental et qu’il a même dans son Palais de Rabat une raffinerie de pâte de cocaïne. Personne n’en parle, mais Interpol détient à ce sujet une tonne de documents».

Il met également en lumière les «liaisons» royales avec de grandes entreprises françaises, citant notamment SCOA, Bouygues, SAF, Dumez, le Club Mediterranée, mais aussi avec les gouvernements français, de droite comme de gauche. A ce propos, Moumen Diouri explique que le gouvernement du Maroc, à l’époque de cette interwiew déjà, multipliait les pressions pour empêcher la publication du livre. Un certain M. Flamand, du ministère français de l’Intérieur était déjà venu le voir à plusieurs reprises (fin décembre, le 8 et le 20 février) pour lui demander «sa parole d’honneur» qu’il ne publierait pas son livre en France, la DST lui rappelant pour sa part avec insistance l’obligation de réserve attachée au statut de réfugié politique».

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