Algérie : La bataille d’El Djorf, 64 ans après

par A. Chabana

La commémoration de la bataille d’El Djorf (22-29 septembre 1955) fait revivre la flamme du combat juste, d’une épopée que les moudjahidine se rappellent encore.

Un épisode héroïque des djounoud et leurs chefs politiques et militaires, qui ont eu le courage de défier l’armée coloniale, quelques jours seulement après la bataille du nord-constantinois, menée de main de maitre par un autre stratège, Zighoud Youcef.

Chez ces hommes-là, le sacrifice n’a pas de prix. Un 64ème anniversaire d’une bataille mémorable, une suite logique du déclenchement de la révolution de libération du 1er Novembre 1954. Son retentissement se fera entendre dans toute la région d’Aurès Nememchas, puis d’une portée nationale, puisqu’elle était le creuset pour plusieurs combattants venus de partout. Plus encore, elle franchit les frontières pour envoyer un message d’un peuple en lutte pour son indépendance.

La citadelle naturelle d’El Djorf, à une centaine de km à l’ouest de Tébessa, site où les stigmates des combats sont toujours visibles. De l’âpreté de l’affrontement, d’un face à face, là où l’armée coloniale avait concentré ses forces, chars et pièces d’artillerie, appuyées par l’aviation, elle comptait débusquer un groupe de combattants, encerclés dans leur antre, bien décidés à tenir tête à une armada de soldats.

Les djounoud sachant leur nombre limité et peu pourvus en armements, harcelaient l’ennemi par petits groupes, au moment où les chefs de la révolution se réunissaient pour faire le point sur la situation, après moins d’un an du début du 1er Novembre. Mais le bunker naturel, dans lequel s’étaient retranchés les djounoud, résistait aux bombardements des canons et à l’usage de gaz mortels. Les héros refusaient de se rendre.

El Djorf sera un tournant décisif de la lutte de l’Algérie pour se défaire du joug colonial. Un engagement écrit au sang et au feu pour faire démentir la propagande des services de renseignements de l’armée coloniale. Les Bachir Chihani, Abbes Laghrour, Cheriet Lazhar, El Ouardi Gatel, et beaucoup d’autres chouhada et moudjahidin ont marqué de leur sceau indélébile, de leur vie, le tracé d’un parcours que la révolution empruntera plus tard, jusqu’à la libération du pays. Aujourd’hui, de tels événements historiques doivent retrouver leur valeur mémorielle.

Les historiens et chercheurs universitaires devront éplucher les archives pour dépoussiérer certaines vérités et rendre à ces héros tombés au champ d’honneur leur véritable stature d’hommes qui s’étaient sacrifiés corps et âme pour un idéal.

Le Quotidien d’Oran, 22 sept 2019

Tags : Algérie, guerre d’Algérie, guerre de libération, révolution 1er novembre,