Tunisie : « Robocop », le nouveau phénomène politique

Surnommé « Robocop », sans parti ni organisation, l’austère constitutionaliste conservateur a créé la surprise en arrivant largement en tête.

« Agé de 61 ans (il est né le 22 février 1958), Kaïs Saïed, ce natif du Cap Bon (Beni Khiar) était quasi inconnu des milieux politiques il y a à peine un an. Très connu sur la scène médiatique par ses multiples interventions télévisées en matière de droit constitutionnel, notamment lors des débats qui ont entouré l’élaboration de la Constitution, il s’est forgé une popularité insoupçonnée grâce à une diction incomparable et une maîtrise rare d’une langue arabe raffinée, qui en a étonné plus d’un », écrit le site Leaders, dans un portrait enthousiaste.

Vu à la télé

Les sondages le donnaient gagnant depuis plusieurs semaines, mais personne ne le voyait poursuivre jusqu’au bout son aventure, ni surtout virer en tête avec 27% des voix. Kaïs Saïed a déboulé sur la scène politique comme dans un jeu de quilles. Ce constitutionnaliste très conservateur sur les questions de société est connu des Tunisiens pour avoir commenté la scène politique sur les plateaux de télévision depuis la révolution de 2011. Il n’a aucune structure pour le soutenir et n’avait jamais participé à une campagne électorale. Il a multiplié les déplacements dans le pays au cours des dernières semaines, misant sur la proximité.

« Robocop »

Surnommé « Robocop » en raison de son débit saccadé, toujours impeccablement sanglé dans son costume, Kaïs Saïed est, selon le comparatif de l’Observatoire pour la défense du droit à la différence, qui a classé les candidats selon leurs positions sur les libertés individuelles, l’un des plus conservateurs.

Il est contre l’abolition de la peine de mort, contre l’abrogation des textes punissant l’homosexualité et les atteintes à la pudeur, ce dernier texte ayant servi à condamner des couples non mariés s’embrassant dans la rue. Il s’est également prononcé clairement contre l’égalité en matière d’héritage, une question délicate car elle touche à un principe dicté par le Coran, selon lequel une femme hérite le plus souvent moitié moins qu’un homme du même degré de parenté.

Ce chargé de cours à la retraite, père de trois enfants, est régulièrement accusé de faire le jeu des islamistes d’Ennahda. Dont le candidat est arrivé à la 3e place.

Salim Sellami (Facebook)

Tags : Tunisie, élections, robocop, Kaïs Saïed, Ennahda,