Algérie : Vers une forte dévaluation du dinar

Retour à l’importation de voitures de moins de 3 ans

Le retour imminent à l’importation de voitures de moins de 3 ans aura des répercussions inéluctablement sur le marché automobile en Algérie d’une manière générale. Les connaisseurs de ce domaine s’attendent à une baisse des prix sur le marché local des voitures d’occasion suite à cette procédure prévue dans le projet de la loi de finances (PLF) 2020. Ainsi, elle devrait exercer une pression sur les constructeurs locaux, qui proposent actuellement des voitures «plus chères» que celles importées.

Par Zahir R.

«L’importation de véhicules d’occasion constituera un facteur exogène favorisant la baisse des prix et donnera au citoyen la chance d’acquérir un véhicule en fonction de ses moyens», avait indiqué le ministre du Commerce, Saïd Djellab, soulignant l’importance «d’examiner tous les aspects relatif à ce dossier afin de ne pas altérer le pouvoir d’achat des citoyens et créer un marché automobile équilibré en Algérie». Toutefois, es experts ont mis en garde contre une forte dévaluation de la monnaie nationale tout en sachant que les banques ne financeront pas les particuliers dans cette opération d’importation. Autrement dit, c’est à eux de mobiliser le montant de la transaction en devises.

Selon l’expert financier et bancaire Nabil Djemaâ, cela engendrera une autre crise sur le marché financier. D’ailleurs, a-t-il indiqué, «il est bon d’autoriser à des particuliers d’importer des voitures d’occasion, mais, en contrepartie, il faut reconnaitre qu’il n’y a pas de devises sur le marché algérien et cela conduira à la détérioration du dinar car l’offre et la demande sur la devise, déjà en déséquilibre, va s’accentuer davantage».

Et d’ajouter : «Contrairement à ce qu’espère le gouvernement, à savoir lutter contre le marché informel de la devise, ce marché prendra de l’ampleur. Avec cette mesure, nous encourageons la dépréciation du dinar».

M. Djemaâ a estimé qu’«il était préférable pour le gouvernement d’autoriser à de nouvelles usines de montage de s’implanter afin de combler le déficit en production tout en régularisant le marché automobile local». Pour lui, la suppression de la règle 51/49% permettra aux sociétés étrangères d’investir librement dans notre pays.

«On s’attend à un flux important des IDE dès l’année prochaine. L’abrogation de l’article 51/49% régissant les investissements étrangers en Algérie incitera des sous-traitants et équipementiers à venir s’installer en Algérie. Cela participera à l’augmentation du taux d’intégration d’assemblage et également à la baisse des prix des voiture».

En outre, cet expert en économie a plaidé pour l’interdiction de l’importation des pièces de rechange qui pèse lourdement sur la facture d’importation. Cette dernière représente, en effet, près de 2 milliards de dollars, ce qui est «énorme», et affectera les principaux équilibres de notre économie, d’autant plus que les réserves de change ont passé sous la barre de 70 milliards de dollars.

Par ailleurs, d’autres experts estiment que le retour à l’importation de voitures d’occasion permettrait d’apporter une valeur ajoutée à l’économie nationale à travers la réexportation de ces voitures vers des pays voisins et africains. «Mais si un grand marché régional s’ouvre en Algérie et exporte ces voitures vers des pays voisins et africains, la demande sur le dinar augmentera, ce qui va augmenter sa valeur», a estimé Boubakeur Mustapha, un universitaire en économie. Des accords peuvent être conclus avec les fabricants de pièces de rechange pour ouvrir des sociétés dans ce secteur en Algérie, a*t*il ajouté.

Source : Le Chiffre d’Affaire, 15 sept 2019

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