Algérie : Le droit à la différence

Par Abdelmadjid Blidi

Il est regrettable de voir certains croire que la démocratie est un package complet qui ne doit souffrir d’aucune insuffisance. Une idée bizarre qui veut qu’ils exigent d’avoir tout ou rien. A croire que l’Algérie ne peut passer par aucun processus démocratique mais se lever du jour au lendemain dans le monde parfait de la démocratie.

Un rêve que même les supposées grandes démocraties de ce monde n’ont pas encore atteint. La France qui est le modèle de beaucoup de ces personnes et qui a fait sa révolution en 1789 pour renverser la monarchie se trouve à ce jour dans la quête éternelle de la démocratie. Le mouvement des Gilets Jaunes et ses revendications l’attestent chaque samedi. La Grande Bretagne est tétanisée de voir son parlement paralysé par le nouveau premier ministre pour de longues semaines, l’Amérique n’en revient toujours pas de voir son président insulter la presse à longueur de tweet et remettre en cause la liberté d’expression.

Nos nouveaux démocrates, démocrates car ils ont pris le train en marche et vont marcher chaque vendredi à grands coups de selfies qu’ils répercutent, à n’en pas finir, sur leurs pages de facebook, tweeter ou autres réseaux sociaux, ils se croient tout permis et pensent qu’ils ont la science infuse en parlant au nom de tout le peuple qui refuserait que soient organisées des élections présidentielles.

Pourtant, il y a bien des Algériens qui veulent que soient tenues ces élections. Il y a des Algériens et ils sont majoritaire, qui ne veulent pas que cette période de transition s’éternise, et qui surtout ne veulent pas que les bien pensants leur imposent une longue période de transition avec une constituante à n’en pas finir. Ce sont des gens aussi qui ne roulent pas pour le pouvoir actuel, mais qui espèrent voir cette crise prendre fin. Et ils sont convaincus que la solution ne peut venir que d’élections propres et transparentes.

A voir comment a été traité le panel de Karim Younes par certains, on a le droit de se poser des questions et de se demander pourquoi tant d’animosité face à des hommes et des femmes, qui sans aucune contre partie, ont donné de leur temps et de leur personne pour participer à un vrai début de solution, en couchant noir sur blanc dans leur rapport pratiquement toutes les revendications du hirak.

Cette obstination de se placer en tuteur des Algériens et de la démocratie ne participe nullement à marcher dans la direction de la fin de la crise, mais contribue à la perpétuer et peut être même à la voir basculer dans le pire. Et ceci, les Algériens ne l’accepteront jamais, car ils refusent de voir leur révolution et leur hirak déboucher sur une impasse, au lieu de porter au pouvoir un président légitime et ce dans les plus brefs délais.

Ouest Tribune, 13 sept 2019

Tags : Algérie, armée, transition, Gaïd Salah,