Maroc : Du fonds de leurs cellules…

…Six condamnés politiques marocains, dont Nasser Zefzafi, leader du Hirak du Rif, annoncent leur abandon de la nationalité marocaine.

Arrêtés par la police marocaine alors qu’ils manifestaient pacifiquement dans les rues d’Al Hoceima (Région du Rif ), transférés de force à Okacha, sinistre prison du Maroc, torturés, présentés devant des juges et condamnés à de très lourdes peines de prisons (20 ans de réclusion pour les meneurs du Hirak social), les leaders de la contestation du Rif décident aujourd’hui, après deux années d’humiliations, de cris et d’appels au roi Mohammed VI, de renoncer à leur nationalité marocaine.

Partout au Maroc, depuis leur incarceration, des dizaines de manifestations se sont déroulées pour exiger la libération de ces militants du Hirak.

Des pétitions et des appels de personnalités politiques en vue au Maroc et à l’étranger de même que des centaines d’intellectuels et d’artistes ont été adressés au roi Mohammed VI, l’appelant à réparer cette terrible injustice.

Des campagnes internationales de solidarité avec les détenus du Hirak ont lieu sans arrêt depuis l’incarcération des jeunes de ce mouvement pacifique de contestation.

Nasser Zefzafi, icône de ce mouvement populaire, fut nominé au très célèbre Prix Sakharov en 2018.

Le Hirak du Rif est un mouvement exclusivement social accusé à tort de séparatiste par l’état et les principaux partis politiques marocains et dont les revendications se résument à ce qui suit:

– l’émergence dans la région du Rif d’un centre d’encologie. D’après de nombreuses études, la region du Rif est celle qui compte au Maroc, le plus grand nombre de personnes atteintes de cancers. Ceci est dû aux intenses bombardements chimiques effectuées par les armées française et espagnole durant la guerre du Rif qui dura plus de 10 ans entre 1914 et 1925, date de la défaite du Mouvement de libération du Rif.

Atreinte d’un cancer en stade avancée, la mère de Nasser Zefzafi se trouve entre la vie et la mort.

– La seconde revendication consiste en l’ouverture dans cette région d’un centre universitaire permettant aux milliers d’étudiants de poursuivre leur formation universitaire dans leur région.

– Quant à la troisième revendication émise par le Hirak, il s’agit de demander à l’état marocain d’oriernter les investisseurs tant marocains d’étrangers, pour s’implanter dans la région du Rif très touchée par le chômage afin d’y promouvoir l’emploi des jeunes.

Ceci passe notamment par la construction d’infrastructures de base susceptibles d’attirer ces investisseurs

L’entourage du roi et le très officiel Conseil des Droits de l’homme au Maroc, ont demandé aux détenus du Hirak de présenter au souverain une demande en grâce royale en présentant leurs excuses.

Les détenus refusent car estimant qu’ils n’ont commis aucun délit ou infraction aux lois du pays, pour présenter des excuses au roi et demander sa compassion.

Faisant la sourde oreille à tous les appels lui provenant de l’étranger et de l’intérieur du Maroc, Mohammed VI persiste dans son attitude méprisante à l’encontre des prisonniers politiques du Hirak du Rif.

Face à ce blocage et à l’intransigeance du souverain marocain, les prisonniers politiques qui croupissent dans des conditions déplorables dans diverses prisons du royaume ont décidé de renoncer à leur nationalité.

Cet acte désespéré et grave n’a été posé que pour tenter de relancer l’intérêt et la sympathie que manifeste le peuple marocain pour la cause du Hirak du Rif.

Les démocrates, modernistes et progressistes marocains qui avaient espéré sous le règne du roi Mohammed VI une rupture totale avec les pratiques répressives et les atteintes graves aux droits de l’homme au Maroc, enregistrent avec amertume et colère le retour de plus en plus manifeste des années de plomb.

Ce texte est destiné à appeler à plus de solidarité de tous les démocrates pour exiger la libération de tous les détenus politiques au Maroc et au respect des libertés dans ce pays. »

Khalil Zeguendi

Rédacteur en chef du magzine Le Maroxellois (Bruxelles)

Source : Bruxellois, sûrement!, 6 sept 2019

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