Le mystère autour de la santé du Président gabonais

Le Gabon attend impatiemment de juger par lui-même si son Président peut encore diriger le pays, le Président Ali Bongo est attendu aussi pour faire une apparition publique rare sur le défilé militaire de samedi après dix mois de spéculations et de mystère sur sa santé.

Le président Ali Bongo Ondimba, qui est au pouvoir depuis 2009, à 60 ans, a été entouré de mystère depuis son hospitalisation en 2018, appelant à beaucoup de spéculations sur sa capacité à exercer ses fonctions.

Hospitalisation soudaine

Le 24 octobre 2018, Ali Bongo a été hospitalisé à Riyad, où il devait participer à un forum économique.

Le 28 novembre, la présidence gabonaise a déclaré que M. Bongo avait connu un « malaise » dû à une « fatigue grave » et a dénoncé les « fausses nouvelles ».

La rareté des communications officielles alimente les inquiétudes et les rumeurs, dont certaines vont jusqu’à annoncer sa mort.

Le 7 novembre, une source étrangère proche de M. Bongo affirme qu’il a « subi une attaque ».

Le 11 novembre, la présidence a annoncé que M. Bongo « était en train de retrouver la plénitude de ses facultés physiques ».

Le 14, la Cour constitutionnelle a modifié la Constitution pour tenir compte de l’« indisponibilité temporaire » du président et a autorisé le vice-président « à convoquer et à présider un Conseil des ministres ».

Déménagement au Maroc

Le 29 novembre, Ali Bongo a été transféré à Rabat pour poursuivre sa convalescence.

Le 3 décembre, des images de sa rencontre avec le roi Mohammed VI ont été diffusées. Le lendemain, les chaînes gabonaises ont diffusé une autre vidéo montrant le Chef de l’Etat recevant, au Maroc, son Premier Ministre, son Vice-Président et le Président de la Cour constitutionnelle gabonaise.

Le 9, le vice-président Pierre Claver Maganga Moussavou a reconnu que M. Bongo avait fait une attaque.

Lors de son message de Nouvel An, M. Bongo s’est exprimé pour la première fois le 31 décembre dans une vidéo enregistrée à Rabat. « Je vais mieux et je me prépare à vous trouver très rapidement », dit-il.

Les soldats tentent de prendre le relais

Le 7 janvier 2019, une douzaine de soldats de la Garde républicaine ont tenté un coup de force en demandant à la radio d’État un soulèvement pour « sauver le pays du chaos ».

Le chef du commando a été arrêté et deux de ses hommes ont été tués par les forces de sécurité.

– Des allers-retours rapides – Le 13 janvier, un nouveau gouvernement et un nouveau cabinet présidentiel ont été annoncés depuis le Maroc.

M. Bongo est retourné à Libreville deux jours plus tard pour la cérémonie d’assermentation du gouvernement. Une vidéo officielle le montre assis dans un fauteuil roulant avec les yeux fixés.

Moins de 24 heures plus tard, il part pour le Maroc.

Le 25 février, M. Bongo a présidé un Conseil des ministres à Libreville, où une avalanche de nominations a été annoncée. Des vidéos tournées où il apparaît dans sa voiture en train de recevoir des visistes. Il est parti 48 heures plus tard pour le Maroc

Une vacance de pouvoir?

À la fin de février, dix personnalités politiques, syndicales et de la société civile ont signé un « Appel à l’action » pour exiger la reconnaissance de la « vacance de pouvoir ».

Le 23 mars, M. Bongo est arrivé à Libreville, où plusieurs milliers de personnes étaient venues l’accueillir.

Le 29, il a dirigé le Conseil des ministres. Une vidéo et des photos officielles le montrent appuyé sur une canne, discutant avec plusieurs de ses ministres.

Le 8 juin, après six mois de silence, Ali Bongo a annoncé, dans un discours de huit minutes enregistré et diffusé à la télévision nationale, qu’il avait demandé à son premier ministre de former un nouveau gouvernement.

Rumeurs de mort

Au début du mois de juillet, la principale coalition syndicale, Dynamique Unitaire (DU), affirme, sans fournir de preuve, que le chef d’État « est mort ». Quatre de ses fonctionnaires ont été arrêtés dix jours plus tard.

Le chef du Front patriotique gabonais (FPG, opposition) est détenu pendant deux jours après avoir accusé plusieurs parents d’Ali Bongo de « manipuler » le président.

Jeudi, à la veille d’une parade militaire à laquelle il doit assister le jour de l’indépendance, M. Bongo a présidé un hommage au premier président du Gabon, Léon Mba, progressant avec difficulté appuyé sur une canne mais souriant et donnant quelques mots en privé aux fonctionnaires. Tout cela pour la première fois en 10 mois sous le regard vigilant des caméras de la presse internationale.

Africanews, 17 août 2019

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