Algérie : L’épreuve du temps

Les difficultés du panel à faire adhérer le maximum à une démarche qui, pourtant, fait largement l’unanimité, celle de la nécessité du dialogue, est symptomatique de la profondeur d’une crise qui semble ne pas encore avoir atteint sa maturation.

Alors que la crise politique en est à son sixième mois, les signes d’un début de résolution ne sont toujours pas à l’ordre du jour. Mieux, ou pire, le discours le plus fréquent aujourd’hui reste davantage celui du rejet du dialogue que la propension à s’asseoir à une même table.

En face, le pouvoir semble également décidé à imposer son horloge, probablement incité par le sentiment que le mouvement populaire s’essouffle. Pourtant, les revendications de ce dernier restent toujours d’actualité.

Prétendre à un Etat de droit qui englobe tous les Algériens dans leurs différences et s’installer dans un véritable processus de construction d’une Algérie nouvelle, prospère et dynamique, est plus que légitime.

Les Algériens ne voudraient pour rien au monde revenir aux mêmes pratiques de l’avant-22 février. Cela est exprimé tous les jours. Cependant, les différentes initiatives de dialogue qui se succèdent, sans même imprimer une modification notable dans le blocage actuel, dénotent d’un décalage profond entre deux notions complètement antinomiques.

La seule évolution notable semble celle inéluctable du temps. Cet art de perdre du temps qui caractérise les acteurs de la crise pourrait, à la longue, devenir risqué pour tout le pays. Ne pas arriver à s’entendre sur une nouvelle base pourrait intéresser des entités étrangères spécialisées dans «les bons offices», dont on connaît les funestes finalités.

La notion du temps est à l’évidence un élément important dans le débat actuel. Jusqu’où pourra aller cette situation de fragilisation permanente de l’Etat ? La question est aussi bien posée aux décideurs actuels, dont la responsabilité sur l’avenir des Algériens est engagée, qu’à des partis de l’opposition dont c’est le rôle de réfléchir et de trouver les issues pour l’intérêt général.

Reportersdz, 30 jui 2019

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