Algérie – Dialogue : Pourquoi il faut faire vite

La situation politique actuelle est inédite, en ce sens que c’est la première fois que la société civile est à ce point impliquée dans la solution à la crise. La création du panel, l’activité qui tourne autour et l’attitude des agents de l’Etat attestent manifestement d’un scénario qu’il était difficile d’imaginer il y a quelques mois.

Bien que la question des mesures d’apaisement soit encore pendante et qui se présente comme une «épée de Damoclès», il reste que la dynamique semble bien partie et les points de vue ont effectivement beaucoup de chance de converger sur une solution idoine.

Il reste cependant que toute cette énergie est censée évoluer pour embrasser l’ensemble de la société algérienne et dégager une adhésion sur le mécanisme de changement à même de conduire le pays vers une issue satisfaisante pour tous.

Il reste que cet espoir que nourrit le panel ne vaut que par la vitesse de mise en œuvre desdits changements. Il faut bien entendu laisser le temps au temps pour que les éléments du dialogue et ses acteurs se mettent en place, mais dans le même temps, il est essentiel que les délais ne soient pas élastiques.

Les Algériens qui n’ont certainement pas envie de voir la situation perdurer indéfiniment ont en tête les pertes d’emplois déjà enregistrées en raison des poursuites judiciaires dont font l’objet quelques hommes d’affaires. Mais l’inquiétude va, bien entendu, au delà. Compte tenu de la situation de blocage institutionnelle, et donc forcément économique, il sera quasi impossible aux travailleurs mis au chômage de trouver de nouveaux postes de travail. Mais plus grave encore, il est à craindre d’autres destructions d’emplois, pour cause d’arrêt d’investissement dans de nombreux secteurs d’activité.

Cela pour dire que la situation qui prévaut sur les scènes sociale, économique et politique exige des animateurs du dialogue d’accélérer la cadence, sans tomber dans la précipitation. L’heure est effectivement à la raison, pour éviter une facture salée en matière de retombées néfastes sur l’économie du pays. Il n’aura pas servi à grand chose d’aboutir à une nouvelle République dans un contexte économique catastrophique. Pour donner un maximum de chances aux futurs dirigeants du pays, et donc à la Démocratie naissante, il est nécessaire d’y aller avec un minimum de casse. D’où l’urgence de conclure le dialogue le plus tôt possible.

Par Nabil. G.

Ouest Tribune, 29 jui 2019

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