Le voile des princesses arabes tombe: du divorce de Lalla Salma du Maroc à la fuite de Haya de Jordanie

Depuis le cas de la princesse Soraya d’Iran dans les années 1950, beaucoup de souveraines musulmanes s‘affichent en public et possèdent un agenda

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David González

El Cierre Digital, 28 juillet 2019

La confirmation du divorce de Mohamed VI et Lalla Salma et la nouvelle vie de celle-ci, ainsi que la fuite de la princesse Haya de Jordanie, mettent en exergue le rôle des femmes dans la monarchie islamique. Depuis des années, certains d’entre elles s’affichent en public et assument une représentation publique, ce qui était impensable dans les Maisons royales arabes il y a quelques années. Cependant, la situation des femmes et le caractère autoritaire de ces monarchies n’ont guère changé.
Depuis des mois, le divorce du roi du Maroc, Mohamed VI et de sa femme, la princesse Lalla Salma, est une rumeur que tout le monde tient pour acquise. C’est un problème collatéral qui l’a confirmé. Le couple a vivement réagi à l’information selon laquelle Lalla Salma voyagerait en Grèce uniquement avec le prince héritier Mulay Hassan, car le roi lui aurait interdit de quitter le pays avec les deux enfants en même temps, afin d’éviter toute tentation de fuir avec eux.

Dans le communiqué pour démentir l’affaire, notamment depuis que la rumeur a été reprise par le magazine français Gala, la publication people la plus importante du pays voisin. Dans le communiqué, la Maison royale alaouite confirme la séparation du monarque et la princesse. C’était le magazine espagnol ¡Hola! qui a affirmé en mars 2018 que le couple avait divorcé. Il existait des preuves: la princesse Salma n’avait assisté à aucun événement officiel depuis le 12 décembre 2017, lorsqu’elle avait présidé au musée Mohamed VI de Rabat, une exposition sur le peintre Mohamed Amine Demnati.

Bien entendu, on ne connaît que peu sur les termes du divorce. Les monarchies arabes sont les plus impénétrables du monde et, au sein d’elles, reflet de leur culture, les femmes n’ont aucune importance: elles n’ont pas le droit au trône, même pas en tant que régentes ou substituts en cas d’absence de l’homme et le mandat de reines ou princesses est relativement nouveau.

Quand les princesses arabes se montrent

Jusqu’au milieu du XXe siècle, les femmes des rois, des cheikhs et des émires n’avaient aucun rôle protocolaire ou d’image. Le premier à changer cela fut le Shah de Perse qui accorda des fonctions publiques à ses diverses ex-épouses et leur permit de se montrer sans voile. Sa seconde épouse, la princesse Soraya, est devenue particulièrement célèbre dans le monde entier. Ses beaux yeux verts et le fait qu’elle ait divorcé à cause de son infertilité en ont fait l’un des objectifs principaux de la presse people. Soraya et le Shah ont divorcé par la méthode de répudiation, celle envisagée par la culture musulmane. On ne sait pas si le monarque marocain aurait eu recours à ce système pour se séparer de sa femme.

Lalla Salma a été aussi vue comme toute une révolution. Contrairement à son père Hassan II, Mohamed VI a renoncé à la polygamie et que sa femme porte un voile. Salma a coïncidé chronologiquement avec d’autres consortes arabes telles que Rania de Jordanie, qui retrouvaient souvent ses homologues européennes, portaient des costumes de haute couture et représentait même leurs maisons royales lors d’événements internationaux. Tout cela laissait penser que quelque chose avait changé et même qu’il n’y avait pas de différence entre elles et leurs homologues de la Suèce ou du Royaume Uni.

Pour beaucoup, elles étaient utilisées comme de simples éléments de mésures cosmétiques pour faire passer l’idée d’une certaine occidentalisation alors que leurs régimes politiques s’ouvraient à peine pour accorder des libertés à leurs citoyens. La plus haute représentante de cette image est Sheikha Mozah bint Nasser Al Missned, mieux connue sous le nom de Sheikha du Qatar. La monarchie qatarie est de nature absolutiste et le cheikh est plutôt le propriétaire d’une entreprise qui prend la force de pays. Rien n’est clair dans un pays où la législation sur les droits de la personne laisse beaucoup á désirer.

Mozah a sauté dans les médias lorsque le Qatar a été révélé comme une puissance économique en pleine crise économique occidentale. Mozah est une femme énigmatique, qui n’a jamais révélé son âge et s’occupe toujours de son apparence lors d’événements publics. Les robes de Dior, Gaultier et Chanel, leurs signatures fétichistes. Bien sûr, toujours couronné d’un turban pour rappeler ses origines. Sa position était privilégiée par rapport aux deux autres épouses du cheikh: Mariam Bint Muhammad et Noora Bint Khalid. D’éducation internationale, on dit qu’elle a utilisé ses armes en tant que femme pour devenir le visage visible de la monarchie à un moment où elle devait être présenter une image extérieure européïsée, alors que le reste des épouses portait encore le voile et ne sortaient pas du palais. Son obsession pour l’art l’a amené à créer un musée du Louvre dans le désert.

Dès qu’elle a atteint le monde des médias, elle a disparu. L’opacité propre de la Maison royale qatari ne permet à personne de savoir quel a été le sort de Mozah après l’abdication de son mari.

Le cas de «Haya de Jordanie»

Cependant, cette ouverture apparente dans les maisons royales arabes cachent de terribles réalités. Récemment, la fuite de la princesse Haya de Jordanie. Bien que Haya ait demandé l’asile en Allemagne, la chaîne britannique BBC a annoncé qu’elle avait installé sa résidence à Kensington Palace Gardens, l’un des quartiers les plus exclusifs de Londres. La maison où réside la femme du cheikh est évaluée à 94 millions d’euros et a été achetée à un magnat russe.

Le média britannique a également affirmé que Haya avait des craintes pour sa vie et qu’elle s’était réfugiée en Europe. On a appris aussi que la princesse préparait une bataille juridique avec laquelle elle comptait divorcer du souverain arabe et obtenir la garde exclusive de ses deux enfants, mineurs et échappés avec leur mère.

La princesse a reçu le soutien d’un diplomate allemand pour fuir de sa cage en or. Malghré qu’elle a entamé le procès en Allemagne, Haya se sent à l’aise dans les îles britanniques. Sa famille jordanienne et elle entretiennent de bonnes relations avec Isabel II. En outre, l’épouse de l’émir de Dubaï a passé son enfance à Londres, où elle a grandi et étudié sciences politiques.

Selon des sources diplomatiques britanniques, Haya Bint Al-Hussein a demandé l’asile de « peur d’être tué ou emmené de force à Dubaï ». Bien qu’il soit difficile á nier, le principal problème réside dans la garde des deux enfants que Mohammed et Haya, Sheikha Jalila et Sheikh Zayed ont en commun. La loi islamique stipule que les mères n’ont aucun droit parental sur leurs enfants. Par conséquent, la princesse se prépare à une bataille juridique longue et profonde.

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