Algérie : Histoire de conviction

» Celui-ci souffre de plusieurs handicaps, à commencer par la légitimité, jusqu’au manque de propositions pertinentes, en passant par le lourd choix des acteurs politiques à contacter, ainsi que des arguments devant leur être avancés afin qu’ils acceptent ce second dialogue inclusif, alors que le premier s’était déjà achevé en queue de poisson « .

Par Mohamed Abdoun

La mission du panel mis en place par Bensalah en vie de mener à bien un » dialogue inclusif » s’avère, d’ores et déjà, plus compliquée, pour ne pas dire problématique, qu’attendu. Le hirak, comme pourraient le penser certains, n’y est au reste pour rien. Celui-ci connait en effet une phase de » rémission » fort importante. Cette tendance, particulièrement lourde, qui avait tendance à se confirmer de vendredi en vendredi depuis au moins un mois, l’a été totalement cette semaine pour deux raisons au moins.

D’une part, le pouvoir, en signe de bonne volonté, et pour comme marque d’apaisement, à très largement relâché son dispositif sécuritaire du vendredi. Même le métro et le tramway étaient opérationnels.

Quant aux barrages, ils ont été sensiblement réduits, tant en nombre qu’en effectifs. Cela n’a pas empêché les manifestants d’être fort peu nombreux à répondre présents à cette manifestation.

D’autre part, le gigantesque mouvement de foule de la semaine passée, qui avait accompagné la célébration de la CAN, a bien prouvé que cette » baisse de régime » n’est liée ni aux vacances, ni à la canicule, ni aux départs de vacances.

Le phénomène, autrement plus profond, doit être lié à une sorte d’exaspération des Algériens, lassés de sortir toutes les semaines, pour réitérer les mêmes revendications.

La question, la vraie, est dès lors celle de savoir si ce hirak va trouver une sorte de second souffle en cas d’échec de ce panel, ou si ce dernier va se contenter d’une sorte de » minima consensuel « , afin d’en finir enfin avec la crise, de revenir vers la voie constitutionnelle et électorale et de clore cette phase transitionnelle, ma foi porteuse de pas mal d’incertitudes. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que les porteurs de la radicalisation, qui se définissent comme » démocrates « , mais ne le sont pas du tout, risquent fort de ne plus avoir droit de cité, ce qui mettra un terme définitif à toutes ces stériles surenchères.

Des Djillali Soufiane, Assoul Ou Saïd Sadi, qui se cachent derrière le hirak, sachant que celui-ci n’en veut absolument pas, et que la rue leur a tourné le dos depuis toujours, pensaient avoir trouvé l’occasion de forcer la main aux décideurs et d’accéder au pouvoir sans passer par les urnes.

Il n’en sera rien désormais. Parole et place seront données aux politiques responsables, et non plus aux aventuriers de la parlotte. C’est, du reste, que réside la difficulté de ce panel. Celui-ci souffre de plusieurs handicaps, à commencer par la légitimité, jusqu’au manque de propositions pertinentes, en passant par le lourd choix des acteurs politiques à contacter, ainsi que des arguments devant leur être avancés afin qu’ils acceptent ce second dialogue inclusif, alors que le premier s’était déjà achevé en queue de poisson.

Il ne fait aucun doute, dès lors, que nous en saurons un peu plus dès ce dimanche, à la suite de la première réunion de ce panel, mais aussi après le retour au pays de Bensalah, après avoir pris part aux obsèques du président tunisien, et des décisions qu’il pourrait prendre afin de booster ce processus, et de mettre le maximum de chances de son côté.

M. A.

Tribune des Lecteurs, 28 jui 2019

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