Silence ! Au Sahara Occidental occupé, ils nous tuent !

par Malainin Lakhal

Les forces paramilitaires et de sécurité marocaines sont impliquées depuis la soirée du vendredi 19 février dans une répression massive, violente et meurtrière contre les civils sahraouis dans la ville occupée d’El Ayoun, la capitale occupée du Sahara occidental. Les événements ont éclaté après que des milliers de Sahraouis sont descendus dans la rue pour célébrer la victoire de l’équipe algérienne de football dans la Coupe d’Afrique des Nations.

Jusqu’à présent, une femme de 24 ans a été tuée après qu’une voiture de police a roulé sur son corps vulnérable et l’a laissée au milieu de la chaussée sans les soins médicaux urgents dont elle avait désespérément besoin. Elle est décédée après avoir finalement été emmenée dans un hôpital de la ville, sachant que ces hôpitaux ont de toute façon une très mauvaise réputation. Les victimes sahraouies des abus de la police et de l’armée marocaines sont généralement maltraitées et parfois même arrêtées lorsqu’elles se présentent dans un hôpital marocain avec leurs blessures.

Des vidéos des forces marocaines en action ont été réalisées par divers manifestants et partagées sur Facebook et Whatsapp, et par aucun grand média à l’étranger. Ils montrent clairement à quel point les agents marocains traitent les manifestants, y compris les femmes, les enfants et les mineurs, de manière violente, voire horrible. Une vidéo, par exemple, montre les moments où divers membres de la police marocaine se rassemblent autour de deux adolescents pour les frapper d’une manière tout simplement indescriptible ! C’est un miracle que ces gosses soient encore en vie !

Les nouvelles locales font également état d’arrestations massives de jeunes participants aux manifestations, y compris d’adolescents. Nous aurons probablement une autre série de procès iniques marocains contre une nouvelle génération de prisonniers sahraouis. Rien que la routine ! Les Marocains ont l’habitude de le faire sans être dérangés, et les victimes ont l’habitude d’être ciblées, torturées, soumises à de fausses accusations puis emprisonnées sans aucune aide de quiconque. Et de cette façon, de jeunes vies sont gâchées, et de jeunes rêves sont tués.

Pourtant, les forces d’occupation marocaines commettent tous ces crimes et ces atrocités et elles sont tout à fait à l’aise, car rien ne les arrête ni même ne critique ce qu’elles font dans les territoires occupés du Sahara occidental. Elles utilisent également ces représailles contre les jeunes Sahraouis pour les dissuader, eux et leurs familles, de participer à des manifestations pour faire valoir leurs droits.

La Mission des Nations Unies sur le terrain est absente. L’ONU elle-même ne semble pas être au courant de ces événements, ou si elle l’est, elle dira certainement qu’elle attend de recevoir des informations ! Bien sûr, parce que sa mission n’est pas mandatée pour dénoncer les violations des droits humains, alors l’excuse est prête ! L’ONU n’a pas la capacité de rapporter ou de commenter les événements, dira-t-on. Mais la question est : pourquoi cela ? Que fait l’ONU, même là-bas, si elle ne peut pas organiser le référendum sur l’autodétermination qu’elle a proposé ! Ne peut pas forcer le Maroc à respecter les droits du peuple sahraoui ! Incapable d’arrêter le pillage marocain et international des ressources sahraouies ! Et pire encore, elle ne peut même pas dire la vérité sur ce que le Maroc est en train de commettre ! Alors que fait l’ONU au Sahara Occidental ?

L’Union africaine se trouve également au même niveau de responsabilité. Qu’attend l’UA pour réagir à ces événements ? Attend-elle que la situation s’aggrave ? Ou devrait-elle être proactive pour empêcher que de telles atrocités ne soient commises par un régime colonial contre des citoyens innocents d’un État membre de l’UA ?

Le peuple sahraoui ne se fait plus d’illusions sur la possibilité d’obtenir une aide substantielle de la part de la soi-disant communauté internationale. Parce qu’ils savent qu’il n’existe pas de « communauté internationale », alors que ce qui compte pour beaucoup de pays, c’est de profiter du pillage par le Maroc des ressources de sa colonie quel qu’en soit le prix. Et le prix n’est pas seulement le vol des ressources et des biens, mais aussi la vie, les espoirs et le sang de jeunes Sahraouis et Sahraouies qui sont torturés, opprimés et même tués sous les yeux indifférents de cette vague « communauté internationale ».

Pourtant, le peuple sahraoui ne compte que sur lui-même et sur des citoyens du monde réellement libres qui refusent de se soumettre à la volonté des oppresseurs et insistent pour soutenir et défendre les droits des autres peuples, car ils savent qu’en les défendant, ils défendent leurs propres droits humains et le futur de l’humanité.

Il est grand temps pour les citoyens libres du monde entier de s’élever contre ces atrocités et d’envoyer un message clair à leurs propres gouvernements, partis politiques, organisations et parlements qu’ils ne peuvent pas simplement fermer les yeux sur les crimes de guerre commis par le Maroc contre les citoyens pacifiques et impuissants dans les territoires occupés du Sahara occidental. Le Maroc ne peut pas jouir de l’impunité à jamais ; c’est une force militaire d’occupation qui abuse des droits et des ressources d’un autre pays et il faut y mettre fin. Le Maroc doit seulement se retirer dans ses frontières internationales, respecter le droit international et respecter la volonté du peuple, qui rejette la présence marocaine dans son pays, rejette le fait accompli marocain, et ne pourra jamais être marocain ! Parce que ce n’est pas le cas !

D’ici là, jusqu’à ce que chaque citoyen sache qu’il a une responsabilité personnelle individuelle et collective dans la défense du peuple opprimé du Sahara Occidental, le Maroc continuera à prendre de jeunes vies et à tuer les rêves et les espoirs de milliers de jeunes générations sahraouies, poussant toute la région vers un destin inconnu, et donnant une image déshonorante de ce qu’on appelle la « communauté internationale ».

Source : Tlaxcala, 22 jui 2019

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