Pourquoi le Maroc est un Etat vassal

Par Dr Hocine-Nasser Bouabsa

A l’opposé des relations internationales transparentes, concrètement bien formulées et structurées entre Etats disposant d’une puissance militaire plus ou moins équilibrée, celles, asymétriques par défaut, existant entre Etats dominants et Etats dominés sont généralement soumises à beaucoup de clauses qui, si elles ne sont pas carrément tenues secrètes, sont volontairement formulées d’une façon floue. La raison est due au fait que l’Etat dominant est en position de force pour veiller à la préservation de ses intérêts et que l’Etat dominé est obligé d’accepter le diktat de son adversaire – sauf, bien sûr, si l’Etat dominé est porté par un peuple prêt à payer le prix fort du sacrifice, comme l’a fait le peuple algérien.

L’objectif d’un tel jeu diplomatique mensonger et malsain pour gérer les relations entre pays dominants et pays dominés est, d’une part, sauver la face de ceux qui du côté de l’Etat dominé acceptent la complaisance et la trahison en paraphant des textes de servitude qu’ils doivent vendre à leur opinion nationale et, d’autre part, laisser au pays dominant le champ libre pour interpréter les textes paraphés en fonction de ses intérêts exclusifs. Cette architecture asymétrique se reflète dans les accords et traités stratégiquement importants que fait signer un Etat dominant à un Etat dominé.

Les accords d’Aix-les-Bains et la déclaration de Celle-Saint-Cloud en 1955 en sont des exemples parfaits. C’est à travers ce montage juridique sordide du droit international que la France coloniale – confrontée à une guerre féroce menée par le peuple algérien courageux, sous l’égide du FLN, contre le système colonial français en Algérie et en France – a préféré déléguer son pouvoir réel qu’elle exerce sur le Maroc à une marionnette nommée Mohammed Ben Youssef, couronnée à l’occasion «roi du Maroc» sous le nom de Mohammed V. Plus tard, ce rôle de servitude fut hérité par les autres marionnettes Hassan II et son fils Mohammed VI. Le point essentiel des accords de 1955 consiste à garder le Maroc «uni à la France par des liens permanents d’une interdépendance librement consentie et définie». Le texte est formulé dans un langage diplomatique. Mais il clair qu’il n’est question que d’une indépendance marocaine de façade, insérée dans une dépendance totale de la France. Le Maroc est donc toujours sous le régime du protectorat.

Lorsque le Maroc a attaqué l’Algérie en 1963, il est donc clair qu’un tel acte perfide ne pouvait venir de Hassan II seul, mais était guidé par l’ancienne puissance coloniale qui venait de quitter l’Algérie, grâce aux sacrifices de 1 500 000 martyrs algériens. C’était, en quelque sorte, le prolongement de la guerre d’Algérie.

Sachant le conflit qui opposait pendant des siècles la France à l’Espagne pour le contrôle du Sahara Occidental et la réalité de la domination entière qu’exerce la France sur le Maroc depuis 1912, il est clair que si on place ce conflit dans son contexte historique, c’est donc bien la France qui colonise le peuple sahraoui depuis 1975. D’où la persévérance des politiciens et de l’Etat français à soutenir inconditionnellement l’occupation du Sahara Occidental par les forces militaires marocaines, caporalisées depuis la mort des généraux Oufkir et Dlimi.

La France est partie prenante dans le conflit du Sahara Occidental. Le monde entier en général et l’Algérie – qui a souffert pendant 130 ans du colonialisme français – en particulier ne peuvent pas continuer à éluder cette réalité.

H.-N. B.

Source : Algériedz.com, 29 avril 2018

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