La journaliste sahraouie Nazha El Khalidi jugée à El Ayoun sans témoins internationaux

Traduit par Fausto Giudice Фаусто Джудиче فاوستو جيوديشي

-Nazha déclare qu’elle a été arrêtée pour son travail journalistique dénonçant la violation des droits de l’homme au Sahara occidental.

-Douze observateurs internationaux ont été expulsés pour les empêcher d’ assister au procès de la journaliste sahraouie

-Le Conseil Général des Avocats espagnols approuve la présence d’avocats dans les cas où il existe des risques que la procédure n’assure pas de garanties juridiques.

Après deux reports et l’expulsion de douze observateurs internationaux, la journaliste sahraouie Nazha El Khalidi, accusée d’exercer le journalisme sans titre officiel, a été jugée par les autorités judiciaires marocaines.

Nazha a filmé et diffusé une manifestation sahraouie à El Ayoun, la capitale du Sahara occidental occupé par le Maroc, le 4 décembre 2018 et a été arrêtée pour cela.

L’article 238 du Code pénal marocain a été utilisé contre elle : il punit d’une peine de trois mois à deux ans de prison et à une amende de 120 dirhams (12 €) à 5 000 dirhams (500 €) quiconque exerce une profession sans titre officiel, dans le cas du Nazha le journalisme, qu’elle pratique depuis 2010 quand elle a commencé à travailler pour SADR TV.

Au cours du procès, qui s’est tenu à El Ayoun, sans la présence d’observateurs internationaux et avec de grandes mesures de sécurité, Nazha El Khalidi a déclaré avoir été arrêtée pour son travail journalistique dans Equipe Media, qui expose les violations des droits humains commises au Sahara occidental, selon ce groupe sahraoui. Elle a également dénoncé le fait qu’elle avait été torturée pendant les heures de sa détention.

Le procès, dont le verdict sera connu le 8 juillet, s’est déroulé sans la présence d’observateurs internationaux : le 19 mai, cinq avocats espagnols et deux observateurs norvégiens des droits de l’homme ont été expulsés d’El Ayoun, le 22 juin, deux envoyés de l’offirAssociation du barreau américain n’ont pu voyager de Casablanca au Sahara occidental et le lendemain, trois avocats espagnols se sont vu interdire de quitter l’avion dans lequel ils arrivaient en territoire sahraoui.

Tous les avocats espagnols se sont rendus dans l’ancienne colonie espagnole, soutenus par le Conseil général des avocats espagnols (CGAE), après communication et accréditation auprès du ministère espagnol des Affaires étrangères et en suivant les procédures habituelles du Conseil  » à l’appui des missions d’observation judiciaire pour assurer le respect du droit à la défense et à une procédure légale régulière « , comme l’a signalé cet organisme.

Depuis 2002, le CGAE soutient l’observation des procès à l’étranger et les visites  » ont un lien direct avec les affaires pénales engagées contre des citoyens d’origine sahraouie dans lesquelles la procédure risque de ne pas offrir les garanties juridiques nécessaires « .

Les avocats espagnols ont exigé que le gouvernement marocain  » autorise le travail des observateurs des droits de l’homme et garantisse le droit de tout accusé à un procès avec toutes les garanties de procédure « , mais leur demande n’a pas été prise en compte.

Les groupes de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, sur la promotion du droit à la liberté d’opinion et d’expression et sur la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants ont exprimé leur préoccupation concernant le cas de la journaliste sahraouie, ainsi que Human Rights Watch, Amnesty International et Reporters sans frontières.

Tlaxcala

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