Algérie : Ahmed Taleb Ibrahimi appelle à une solution de compromis

AHMED TALEB IBRAHIMI APPEL À UNE SOLUTION DE COMPROMIS

Mohamed K.

Ahmed Taleb Ibrahimi, ancien ministre, Ali Yahia Abdennour, avocat et militant des droits humains, et Rachid Benyelles, général à la retraite, appellent, dans une missive rendue publique ce samedi, le commandement de l’ANP à nouer un dialogue « franc et honnête » avec des figures représentatives du mouvement citoyen (Hirak), des partis et des forces politiques et sociales qui le soutiennent.

Pour les signataires de cet appel, il faut « trouver, au plus vite, une solution politique consensuelle en mesure de répondre aux aspirations populaires légitimes qui s’expriment quotidiennement depuis bientôt trois mois ».

Selon eux, l’impasse actuelle est porteuse de grands dangers qui s’ajoutent à une situation régionale tendue. « La situation de blocage à laquelle nous assistons par le maintien de la date du 4 juillet pour l’élection présidentielle ne pourra que retarder l’avènement inéluctable d’une nouvelle République. Car comment peut-on imaginer des élections libres et honnêtes alors qu’elles sont d’ores et déjà rejetées par l’immense majorité de la population parce que organisées par des institutions encore aux mains de forces disqualifiées, opposées à tout changement salutaire ? », s’interrogent-ils.

Les trois personnalités plaident pour une période de transition de courte durée. Elles estiment que les manifestants, dont le nombre a atteint des sommets historiques, exigent maintenant l’instauration d’un État de droit et d’une véritable démocratie, « en passant préalablement par une période de transition de courte durée, conduite par des hommes et des femmes n’ayant jamais appartenu au système profondément corrompu des vingt dernières années ».

Taleb Ibrahimi, Yahia Abdennour et Rachid Benyelles rappellent que le 22 février 2019 les Algériens, « toutes classes sociales et tous âges confondus », sont sortis par millions dans les rues de l’ensemble des grandes villes du pays pour manifester pacifiquement, « crier leur colère et refuser l’humiliation, qu’un pouvoir arrogant et sûr de lui voulait encore leur faire subir en annonçant la candidature pour un cinquième mandat, d’un homme qui vit à l’état végétatif depuis cinq ans ».

Les trois personnalités ont estimé que « les manifestations grandioses de ces treize dernières semaines ont forcé l’admiration du monde entier et nous ont rendu notre dignité trop longtemps bafouée, comme elles nous ont permis de recouvrer notre fierté d’appartenir à une grande nation. Elles auront également fortement contribué à renforcer l’unité nationale et la volonté du vivre ensemble, quelles que soient nos différences politiques, et nos sensibilités culturelles ou doctrinaires », ajoutent-ils.

Pour rappel, Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdennour et le général Benyellès avaient déjà signé par le passé une déclaration politique dans laquelle ils avaient souligné que Abdelaziz Bouteflika était invalide et incapable de diriger le pays, demandant sa démission immédiate. Cette déclaration a été diffusée au mois d’octobre 2017, un an et demi avant la fin du quatrième mandat.

Les trois personnalités sont très proches sur le plan politique et intellectuel et sont connus pour avoir partagé les mêmes idées depuis le début des années 1990, avec le début de la crise et la décennie noire.

Le Jeune Indépendant

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