Maroc : Mohamed Yassine Mansouri, du FBI à la DGED

Par Abdellah Miloudy                                              Source: I-Bergag, 20/12/2012

Le patron de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), les services secrets extérieurs du royaume, Mohamed Yassine Mansouri, a eu droit à un extensif portrait publié par le quotidien espagnol El Pais. Signé par Ignacio Cembrero, le spécialiste du Maghreb au journal madrilène et l’un des rares journalistes européens qui n’a pas encore succombé au charme et à la générosité de nos dirigeants, ce portrait est truffé d’informations que l’on ne lit pas souvent au Maroc.

L’une d’elles est que depuis 2008 la DGED a perdu 10 chekamas (espions) en Europe et un autre en Mauritanie. Un record battu seulement par la Russie de Poutine. Quelques uns travaillaient sous couvert de la protection diplomatique et d’autres étaient des RME (résidents marocains à l’étranger). Quatre marocains ont été attrapés la main dans le sac en Allemagne, jugés et condamnés. Contrairement à l’Espagne et à la France, où les agents secrets marocains font comme chez eux, et dans le cas de l’hexagone reçoivent même l’aide des services français, Berlin se montre intraitable quand il s’agit des droits et de la sécurité des personnes qui résident sur son sol, quelque soit leur nationalité.

El Pais nous explique que le cas qui a fait le plus de mal à la DGED est celui de Redouane Lemhaouli, ce policier hollandais d’origine marocaine, qui a été arrêté et expulsé des forces de l’ordre pour avoir utilisé l’ordinateur central du ministère de l’intérieur des Pays Bas pour les besoins des services de Mansouri. Et que Bagdad A, le dernier des marocains arrêtés et jugés en Allemagne, a encaissé 22 800 euros pour son travail patriotique et que c’est lui-même qui s’est proposé en 2007 à la DGED pour espionner. Certains ont l’espionnite dans le sang. Le syndrome du mokadem.

Quant à Mohamed Yassine Mansouri, Cembrero nous raconte qu’il est originaire de la sainte ville de Bejaad, ça on le savait ; qu’il est très pieux, on le savait aussi ; qu’il a un frère gauchiste, ça on ne le savait pas, et qu’il a suivi une formation au FBI américain, et ça non plus on ne le savait pas.

Enfin, avant de s’occuper de la DGED, Mansouri a dirigé la MAP, l’agence de presse officielle, qui possède de très nombreux honorables correspondants à travers le monde. Un poste qui est allé comme un gant à cet ancien du FBI et qui a sûrement contribué à sa formation avant d’être catapulté à la tête de la DGED.

Une dernière touche humoristique, El Pais nous rappelle que selon les documents de Wikileaks Yassine Mansouri a été l’une des rares personnes à se préoccuper de la « fragilité » du régime tunisien à cause de la « cupidité » de l’ancien dictateur Zine Eddine Ben Ali. C’était en 2008.

C’est vrai qu’à l’époque le livre d’Eric Laurent et de Catherine Graciet sur un autre « cupide », « Le roi prédateur. Main basse sur le Maroc » (Editions du Seuil, 2012) n’avait pas encore été publié….

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