Express: Macron fait face à un " moment de DÉFINITION DE LA PRÉSIDENCE " alors qu'il écrase les gilets jaunes avec une force BRUTALE.

EMMANUEL MACRON risque tout son avenir politique en écrasant de force les manifestants des Gilets Jaunes, en les accusant d' »autoritarisme » et en établissant des parallèles avec un autre dirigeant français, Charles De Gaulle, un expert politique français.

Selon James Shields, professeur de politique française et d’histoire moderne à l’Université de Warwick, M. Macron traverse une période décisive pour la présidence alors qu’une vague massive de protestations déferle sur la France. Le mouvement des Gilets Jaunes et la manière dont M. Macron l’a traitée jusqu’à présent pourraient déterminer la fin de son mandat deux ans seulement après son élection, a expliqué l’expert. Il l’a dit à Express.co.uk : « Lorsque Macron a été élu, sa plus grande crainte était d’être comme les autres présidents avant lui, repoussé de son programme de réformes par des manifestations de rue. Il sait que s’il ne parvient pas à désamorcer la crise actuelle, ses perspectives de mettre en œuvre des réformes controversées de l’assurance-chômage ou des pensions s’évanouiront.

« L’enchère ne pourrait être plus élevée pour un président qui n’en est encore qu’à sa deuxième année de mandat de cinq ans. »

Les manifestations des Gilets Jaunes ont explosé le 17 novembre après l’annonce par le gouvernement d’une hausse des taxes sur le carburant.

Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue et ont participé à des manifestations tous les week-ends pendant des mois.

Rapidement, les manifestants ont commencé à exprimer leur mécontentement à l’égard de la politique économique rigoureuse de M. Macron.

Le président français a d’abord réagi aux manifestations, souvent violentes, en autorisant la police à utiliser des canons à eau et des gaz lacrymogènes, blessant de nombreuses personnes et suscitant l’indignation des groupes de défense des droits humains.

Mais fin 2018, il a cédé alors que le mouvement des gilets jaunes continuait à protester, supprimant l’augmentation de la taxe sur les carburants et annonçant le lancement du « grand débat national », au cours duquel les citoyens pouvaient exprimer leurs préoccupations et faire des propositions en vue d’être entendus par le gouvernement central.

Mais ces mesures n’ont pas complètement annulé le mouvement des gilets jaunes, car des milliers de personnes continuent de manifester.

M. Shields a dit : « Macron est dans le pétrin : s’il n’est pas assez fort, il invite les accusations de laxisme face au désordre public violent.

« S’il s’en prend fortement aux manifestants, il s’ouvre à l’accusation d’être autoritaire.

« Le président semble maintenant être dans une position où il ne peut gagner d’aucune façon. »

L’usage de la force et l’impact que ces protestations peuvent avoir sur l’avenir de la présidence le reflet d’une crise à laquelle De Gaulle a été confronté, en 1968, par des grèves générales et des marches menées par des étudiants de gauche réclamant des changements sociaux.

Les deux présidents ont fait appel à la réserve générale de la police nationale française (CRS) pour faire face aux manifestants, souvent violemment frappés par les forces armées.

Tout comme les étudiants en 1968, les manifestants des Gilets Jauness défilaient en scandant « CRS equal SS », un slogan comparant la police française aux nazis.

M. Shields a dit : « Macron et de Gaulle sont deux présidents très différents appartenant à deux moments historiques très différents.

« En 1968, la force motrice dans le conflit entre les étudiants et l’État était sociale et culturelle.

« Aujourd’hui, la force motrice dans le conflit entre les gilets jaunes et l’État est l’économie, les bas salaires, les pensions, les impôts, le coût de la vie et la résistance aux réformes de libéralisation de Macron.

« Là où il y a un parallèle fort, c’est que les deux peuvent être considérés comme des moments déterminants pour la présidence.

« De Gaulle est arrivé en mai 1968 pour rétablir son emprise sur le pouvoir, mais cette emprise n’a jamais été aussi ferme et il a pris sa retraite en un an.

« Aujourd’hui encore, nous assistons à un combat à enjeux élevés que le président ne peut se permettre de perdre – mais, contrairement à de Gaulle, âgé de 78 ans, se retirer pour écrire ses mémoires ne sera pas une option pour Macron s’il sort affaibli de la crise ».

Source: Express, 1 avr 2019

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