Algérie : La légalité oui, mais jusqu’au bout

L’opposition demande l’application de la Constitution et notamment son article 102 pour pousser le président Bouteflika vers la sortie. Un retour salutaire à la légalité et au respect des lois de la République notamment la plus importante d’entre toutes à savoir la Constitution. Pour eux, il n’est pas question pour le président actuel de gérer la période de transition car cela tombe dans l’illégalité et c’est contraire à la Constitution qui donne à Bouteflika jusqu’au 28 avril pour partir.

Soit, il faut reconnaître à cette opposition son souci du respect des lois de la République et de la Constitution. Mais là où tout part en vrille, c’est qu’une fois ce respect observé, ils déchirent cette Constitution et la mettent à la poubelle. Pourtant en légalistes convaincus, ils se doivent d’aller au bout de ce que prévoit cette Constitution et enclencher les articles de la vacance du pouvoir, juste après celui du 102. Ils ne peuvent parler de comité de sages ou de présidence collégiale, mais respecter la Constitution jusqu’au bout et invoquer une élection présidentielle au bout de 90 jours.

Ce sera au futur président démocratiquement élu de mener la suite. De faire, peut être, tout ce que voulait faire Bouteflika, mais avec cette fois la légitimité nécessaire en plus. Il peut organiser cette fameuse conférence nationale, doter le pays d’une nouvelle Constitution, dissoudre le parlement, engager de nouvelles élections législatives. Il aura toute latitude de mettre en place les mécanismes vers une société démocratique et libre exactement comme l’exige la rue depuis maintenant plus d’un mois.

Il permettra aussi et surtout au pays de ne pas sombrer dans le vide institutionnel avec toutes ses conséquences catastrophiques, de garantir la continuité de l’Etat, et de ne pas tomber dans le jeu perfide d’une transition sans fin. La solution idoine est là. Et tous ceux qui tournent autour du pot ne pensent en premier lieu qu’à leurs seuls intérêts et à se positionner pour de basses ambitions personnelles qui ne font que les servir et servir leurs desseins.

Alors si on doit respecter et invoquer la Constitution actuelle pour faire partir l’actuel locataire d’El Mouradia, il faut aller au bout de ce souci de légitimité et de légalité pour trouver une sortie rapide à la crise, organiser des élections présidentielles dans les 90 jours, et surtout barrer la route à tous ceux qui veulent le pourrissement de la situation et tout le chaos qui en suivrait.

Par Abdelmadjid Blidi

Ouest Tribune, 24 mars 2019

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