Mohamed VI ou la cupidité du trône

Le magazine américain Forbes, dans son classement spécial des monarques les plus riches du monde, en 2009, faisait apparaître le roi Mohammed VI à la septième place devançant curieusement l’émir du Qatar et celui du Koweït pourtant plus richement dotés. L’information est consternante d’autant que le Maroc, en 2007-2008, sur le plan du développement humain, était classé au 126e rang (sur 177 Etats) et affichait un taux de pauvreté de 18,1%.

Sofiane Meziani

La plus belle des ruses du diable, affirmait au 19ième siècle, le poète maudit, Baudelaire, est de nous faire croire qu’il n’existe pas. La prédation du prince héritier d’Hassan II dissimulée sous le masque de la bienveillance semble faire parfaitement écho à cette parole éloquente de l’auteur des fleurs du mal. En effet, le point fort de Mohammed VI est d’être parvenu à faire plonger une bonne partie du peuple dans l’illusion chatoyante d’une rupture avec l’absolutisme ravageur de son père.

En apportant plus d’esthétique et de confort au paysage urbain du Maroc, notamment dans le Nord – tant méprisé par son prédécesseur – , il a donné l’image d’un gouverneur à la fois moderne et proche du peuple, des pauvres en l’occurrence, rompant ainsi – surtout en apparence – avec la politique traditionnaliste et conservatrice d’Hassan II qui avait le réel souci de pérenniser la monarchie marocaine.

Cette poudre narcotique jetée aux yeux du peuple, au lendemain de son ascension au pouvoir, visait sans aucun doute à entretenir la population dans une opacité distrayante afin de jouir confortablement des richesses titanesques chapardées aux marocains. Seulement, le Maroc nécessite davantage une réforme sociale et politique profonde pour améliorer la condition du peuple et lutter contre la corruption que la rénovation des routes et des façades urbaines. Au fond, l’actuel souverain du Maroc, n’a fait qu’embellir la vitrine du pays, pour mieux nous aveugler sur la réalité obscure de son absolutisme économique et de sa soif pantagruélique et inextinguible d’argent.

En termes métaphoriques, c’est un joli palmier qui dissimule un désert politique tarissant une population presque déshydratée socialement…Vive le roi ?! Pour rien au monde. Plutôt vive le peuple ! L’heure est d’ailleurs venue de saluer la désormais patente résistance des marocains plutôt que de baiser la main en or massif du roi. La masse populaire a décidé de lever dignement la tête quand certains bouffons de la Cour continuent d’avoir le corps lâchement incliné…

Le magazine américain Forbes, dans son classement spécial des monarques les plus riches du monde, en 2009, faisait apparaître le roi Mohammed VI à la septième place devançant curieusement l’émir du Qatar et celui du Koweït pourtant plus richement dotés.1 L’information est consternante d’autant que le Maroc, en 2007-2008, sur le plan du développement humain, était classé au 126e rang (sur 177 Etats) et affichait un taux de pauvreté de 18,1% !2

Les journalistes Catherine Graciet et Eric Laurent, au terme d’un véritable travail d’investigation, rapporte dans leur ouvrage censuré au Maroc, le roi prédateur, un certain nombre de faits alarmants et ahurissants sur l’absolutisme économique de Mohammed VI et de ses chiens de garde, notamment Fouad Ali El Himma, ministre délégué à l’Intérieur, et Mounir Majidi, secrétaire particulier du roi, affirmant que selon les experts de la banque mondiale, les disparités entre riches et pauvres se sont davantage creusées durant le règne de l’actuel monarque que sous le pouvoir de son père.

Cela dit, lorsque le prince héritier d’Hassan II arrive au pouvoir en 2000, il s’entoure aussitôt de ses amis du Collège Royal dans l’économie la plus totale de leur incompétence ! Le régime de Mohammed VI s’est ainsi bâti sur du copinage ! En l’espace d’une dizaine d’années, le roi et ses deux bouffons en particuliers ont mis la main sur l’ensemble des secteurs privés allant jusqu’à mettre sur la touche, arbitrairement, des partenaires français, notamment Auchan qui avait une large part de marché dans la grande distribution de Marjane.

A ce titre, le souverain a, dans un dédain persiflant, escamoté un rendez-vous avec un notoire économiste, Michel Camdessus, ancien directeur du Fonds monétaire international, vivement conseillé par l’Elysée pour une meilleure gouvernance économique de son pays. Pas surprenant pour un roi capricieux qui prend plus de plaisir à côtoyer des stars comme Johnny Hallyday qu’à fréquenter des dirigeants politiques comme Chirac.3

Cet arbitraire royal et cette stratégie de contrôle consistaient principalement à broyer et à réduire à néant quiconque les confronterait, inconfortablement, au respect des lois régissant l’économie du pays. Ainsi, usant de la prédation pour dévorer les éventuels concurrents, Mohammed VI est devenu le premier banquier – attijariwafabank étant, entre les mains du monarque, une véritable source de puissance économique -, premier assureur, premier agriculteur et joue un rôle considérable dans l’immobilier, les télécoms, la grande distribution etc. Autrement dit, il a monopolisé, à travers une dictature économique des plus sombres, l’ensemble des marchés au Maroc.

Nous ne ferons pas l’économie, par ailleurs, de noter le style de vie démesurément luxueux du roi, dans un pays profondément atteint par la pauvreté et la misère sociale. En effet, Mohammed VI n’hésite pas, dans une impudence exécrable face à un peuple vivant avec dix dirhams par jours, à dépenser des sommes faramineuses – sur le compte de l’Etat ! – pour ses déplacements – touristiques en l’occurrence – sans compter les millions de dollars déboursés par le Trésor public pour l’entretien de ses douze palais à travers le Maroc alors qu’il n’en occupe régulièrement que deux ou trois ! Hideux !

Plus encore, ce dernier dispose d’une panoplie de véhicule de très haute gamme et un Boeing affichant un luxe exorbitant quand la grande majorité de la population se donne corps et âmes pour se payer un beignet ! Halte donc à cet absolutisme économique et à cette opulence presque insolente du roi et de ses chiens de garde qui s’en mettent plein les poches sur le dos d’un peuple spolié, délaissé, complètement appauvri. Le cynisme du Palais – protégé, soit dit en passant, par le silence de l’Elysée – exprimé par l’indécence d’un souverain complètement à la marge des préoccupations sociales des marocains en dit long sur la réalité socio-économique du pays.

Totalement inerte sur le plan politique, au niveau international surtout, Mohammed VI a fait une fixation presque obsessionnelle sur les affaires fructueuses du pays pour satisfaire ses caprices de premier âge ! La préoccupation qui, autrement dit, anime notre monarque est davantage la rentabilité du trône que l’épanouissement du peuple.

Cet affairiste est, en outre, quasi-inexistant sur l’échiquier politique international et semble ainsi totalement désintéressé des défis et des enjeux que le monde doit actuellement relever. Ce dionysiaque indolent pense encore à satisfaire ses plaisirs personnels quand le monde est entrain de connaître un bouleversement presque décisif !

Au même titre que dans le domaine de l’économie, il fait preuve d’absolutisme dans l’inertie et l’amateurisme politique. Pas un mot, en effet, sur les soulèvements arabes, la Syrie, la Palestine, l’Iran et semble briller par son absence aux grands sommets internationaux. Pas étonnant, au demeurant, pour quelqu’un qui, tel un adolescent bridé par son insouciance, pense encore à se pavaner avec une ostentation insultante sur un jet-ski ou au volant d’une Ferrari !

Le temps est au changement. La liberté et la justice finiront, dans un avenir proche, espérons-le, par avoir raison du despotisme, de l’absolutisme et de la dictature ! L’histoire, nous semble-t-il, est sur le point de connaître une profonde mutation illustrée notamment par le soulèvement des pays arabes et particulièrement par la révolution tunisienne qui sous le souffle du vent printanier ayant redonné de la verdure et des couleurs à son paysage politique, finira par apporter, espérons-le encore, sa suave odeur porteuse d’espoir et de liberté au peuple marocain. Une conscientisation politique s’est d’ailleurs cristallisée autour d’une jeunesse marocaine éveillée et déterminée à devenir sujet de sa propre histoire. En effet, les mobilisations massives ici et là dans certaines villes du Maroc ont relativement bousculé les choses…

Le train est en marche, timidement, mais, gardons espoir, sûrement. Le peuple marocain doit poursuivre son élan et son aspiration à la justice et à la liberté en demeurant lucide quant aux éventuelles diversions politiques du Palais particulièrement illustrées par la prétendue démarche aveuglante de « démocratisation » via la pseudo réforme de la Constitution ! La mobilisation doit persister dans le sens d’un avenir plus juste et plus commode sans jamais se laisser anesthésier par les agissements enjôleurs de la Cour afin de dire stop à l’absolutisme économique ! Stop à la corruption ! Plus clairement, pour dire encore plus haut ce que le peuple marocain pense déjà assez fort : Mohammed VI et ses chiens de garde : dehors !

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