Hallucinante situation politique en Algérie : « Le fleuve détourné »

Un imbroglio politique, un vide juridique, une opposition inconsistante et un candidat -président sortant- lourdement handicapé, sont à l’affiche de la plus décisive élection présidentielle de l’Algérie indépendante.

Un rendez-vous historique terni par un passage en force et l’imposition d’un fait accompli. Bouteflika sera réélu envers et contre tous, si l’on se réfère à sa lettre de candidature publiée hier.

Tout un programme pour un avenir qui ne le concernera vraisemblablement pas, mais qu’il veut imposer à un peuple qui a crié haut et fort son rejet de tout ce qui lui est promis et qui n’a pas été entamé en vingt ans.

Cette lettre « testament » équivaut à un legs « familial » et non pas une réponse au message populaire qui lui a été adressé en mondovision.

C’est en tuteur d’un peuple « adoptif » qu’il choisit au lendemain de son 82ème anniversaire, de s’adresser, en président réélu, avant même l’entame de la campagne électorale.

Les textes régissant le dépôt des candidatures ont été bafoués, par le Conseil Constitutionnel, leur détournement désavoué par la HIISE et leur interprétation rejetée par d’éminents constitutionnalistes. Et pourtant, c’est passé au nez et à la barbe de toutes les institutions en charge d’en assurer la légalité et la transparence.

Partir d’un Etat de non droit en usant d’inqualifiables subterfuges tout en promettant un avenir meilleur fait de justice, d’équité et de valeurs morales ; ne sied pas à ces acteurs du désordre national qui dispose de tous les instruments répressifs que peut compter une république bananière promise à une dictature éternelle.

Encore une fois, le peuple aspire à la paix et ne veut pas d’affrontements. La porte d’entrée du Palais Présidentiel sert aussi de porte de sortie pour peu qu’on se place du bon côté du « cadre ».

Rappelons aux uns et aux autres qu’il est plus facile d’allumer une mèche que d’étouffer une explosion. La formule « à bon entendeur… » n’est comme de bien entendu, pas de mise, face à un pouvoir qui ne prête jamais la bonne oreille.

C.Mechakra

Le Provincial, 4 mars 2019

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