Algérie: La stratégie des soutiens de Bouteflika

Sorties sur le terrain, investissement des réseaux sociaux et discours adapté aux nouvelles réalités ; quelques jours après son installation, la direction de campagne de Abdelaziz Bouteflika affine sa stratégie.

Lancée timidement, la campagne électorale du président-candidat prend de l’ampleur. La principale figure de cette campagne, à savoir Abdelmalek Sellal, a déjà commencé ses sorties publiques. Il veut ainsi donner le coup d’envoi à ce qui est conçu comme un « déploiement » sur le terrain. C’est en effet pour tenter de « rassurer » les Algériens et de tenter de contrecarrer la mobilisation de l’opposition que les équipes de Abdelmalek Sellal vont se déployer à travers le pays.

Pour cela, la direction de campagne peut compter sur la présence des partis politiques, à l’image du FLN et du RND qui disposent de structures locales déjà actives. Ces structures sont notamment chargées de se rapprocher de la population pour les « rassurer » quand à l’état du pays malgré la maladie du chef de l’Etat.

Face à l’inquiétude grandissante de la population, notamment de la jeunesse, les partisans de Abdelaziz Bouteflika devront se démultiplier pour tenter de tenir un discours rationnel. Les structures locales sont ainsi instruites afin de faire « passer un message d’espoir » qui porte notamment sur les chantiers annoncés dans la lettre du chef de l’Etat.

Il s’agit d’annoncer « des réformes profondes » dans tous les domaines de la vie nationale. Puis, Abdelmalek Sellal a demandé aux responsables de faire des concessions. « Oui, nous n’avons pas tout réussi. Mais nous allons tout rattraper », a ainsi admet Abdelmalek Sellal. Parmi les « couches sociales » qui seront associées à cette campagne électorale, les étudiants auront une grande part.

Ainsi, des organisations estudiantines proches des partis du pouvoir ont été réunies par Nabil Yahiaoui, un membre de la direction de campagne, mais surtout un ancien secrétaire général de l’UGEL (Union générale des étudiants libres), aujourd’hui proche de TAJ. Instruction leur a été donnée de mener campagne dans les résidences universitaires et des campus. Puis, ces « syndicats » sont chargés de tenir des rassemblements et sit-in dans les institutions universitaires pour contrecarrer d’éventuelles manifestations d’opposants.

Pour dissuader les Algériens de manifester contre le cinquième mandat, la direction de campagne de Abdelaziz Bouteflika a imaginé une parade. Les principaux leaders de cette mouvance ont déjà commencé à « mettre en garde » contre « les ennemis » de l’extérieur qui «menacent la stabilité du pays ».

Amar Ghoul, président de TAJ, a même mis en garde hier sur « les dangers de dérapages » qui pourraient naître de manifestations de rue. « Certains veulent sortir nos jeunes dans les rues. Cela est dangereux », a-t-il indiqué, emboitant ainsi le pas à Ahmed Ouyahia qui menaçait il y a quelques jours que l’Etat avait « les moyens de faire face aux manifestations ».

En plus de ces démarches, les partisans de Abdelaziz Bouteflika utilisent, sur les réseaux sociaux et dans les médias officiels, la peur de replonger le pays en cas de troubles sociaux. Cela a déjà commencé suite aux manifestations de Kherrata et d’autres régions du pays. Et le rythme de la campagne semble monter crescendo.

Akli Ouali

L’Est Républicain

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