Algérie – Piètre plaidoirie

Le controversé avocat Farouk Ksentini sort brusquement mais opportunément de sa torpeur pour nous prêcher la bonne parole. Disparu des radars politiques depuis sa fameuse vraie fausse rencontre avec le président Bouteflika, il vient de faire éruption dans le débat politique dans ce qui s’apparente à une offre de service au clan présidentiel.

Farouk Ksentini dont le long passage à la tête de l’organisme officiel des droits de l’Homme avait suscité de grosses polémiques en raison de ses postions qui s’écartaient totalement de la défense des faibles, vient de déclarer, sans rire, que le président Bouteflika ne sera pas obligé de prononcer l’intégralité du texte de la prestation de serment s’il est élu.

D’abord, qui lui a demandé son avis sur la question ? Ensuite, par quelle lecture forcée de la loi Me Ksentini s’appuie-t-il pour prononcer un tel verdict ? Il est d’usage dans le monde entier que le Président élu se doit obligatoirement de prononcer le serment d’investiture devant son peuple et de vive voix. Cette cérémonie n’est théoriquement pas adaptable à l’état de santé du Président censé s’astreindre à cette exigence constitutionnelle.

C’est un moment solennel lors duquel le Président élu jure devant le peuple qu’il va respecter ses engagements, la Constitution et défendre le pays et son intégrité entre autres. Et si l’on suit la «logique» de Farouk Ksentini, le Président qui n’accomplit pas ce serment tel qu’il est stipulé dans la Constitution, ne sera pas tenu de respecter ses engagements qu’il n’aurait pas pris devant son peuple.

Alors même que la candidature pour un 5ème mandat provoque un déluge de réactions hostiles en Algérie, « l’avocat officiel » a cru bon de faire une exégèse du droit qui réduit au strict minimum la prestation du serment.

Il ne fait pas l’ombre d’un doute que Farouk Ksentini vise, à travers son intrusion, de se faire pardonner ses écarts passés notamment son tête-à-tête imaginaire avec le Président dans sa résidence à Zeralda.

Etant assuré que le 5ème mandat est désormais acté, l’avocat entre en scène pour plaider ce qu’il croit être une « bonne cause ». Sauf que de nombreux observateurs trouvent sa plaidoirie maladroite voire complètement ratée.

En voulant apporter à sa manière le soutien au président et son entourage, Ksentini voudrait en réalité se rendre fréquentable et pourquoi pas disponible dans l’espoir de reprendre grâce aux yeux des décideurs après sa chute libre.

Pitoyable est la posture de Farouk Ksentini ainsi contraint de jouer « l’avocat du diable » pour se faire pardonner ses embardées et ses liaisons passées.

Imane B

Source : L’Est Républicain