Election présidentielle en Algérie: Du Général au particulier

ELECTION PRESIDENTIELLE : DU GENERAL AU PARTICULIER

Lettre à mes camarades et ami-e-s

Ayant pris connaissance des diverses déclarations et contributions du citoyen Ali Ghediri, général major de l’ANP à la retraite, et après mûres réflexions, j’ai décidé d’apporter mon soutien à sa candidature à l’élection présidentielle d’avril prochain.

Les personnes qui me connaissent, surtout mes ami-e-s et mes camarades de lutte de plus 45 ans, sont en droit de m’interpeller sur le pourquoi d’une telle décision sachant que, comme eux, j’abhorre les urnes auto-votantes que j’ai boycottées depuis 28 ans.

Par considération à leur égard, j’estime qu’il est de mon devoir de les éclairer sur les raisons de mon engagement dans cette élection présidentielle aux côtés de Ali Ghediri.

Les différentes contributions et interventions du candidat Ghediri font ressortir des idées forces qui préfigurent le programme sur lequel il compte s’engager et partant, le projet qu’il envisage pour notre pays.

Pour ma part, je me contenterai de citer les idées suivantes :

« Rupture sans reniement » avec ce système honni finissant et pour la deuxième république ; Sanctuarisation de l’ordre républicain ; Etat de droit, démocratique et social ; Distinction et séparation des champs (politique, religieux, économique, etc.) et des pouvoirs (législatif, exécutif et judicaire); Consécration des libertés, toutes les libertés y compris la liberté de conscience ; Egalité femmes/hommes ; Progrès social et solidarité.

Ces idées sont aussi les nôtres ! Bien des générations de militantes et de militants y ont consacré leur vie et beaucoup l’y ont laissé. Bien sûr que nous en avons d’autres, des idées qui nous sont propres et qui font encore, en dépit de l’épais brouillard que nous n’avons pas fini de traverser, notre raison d’être, notre « identité » comme courant politique inscrit dans le combat contre l’exploitation de l’Homme par l’Homme, les inégalités… pour la justice sociale et le progrès pour tous.

Avec Ali Ghediri semble s’engager une dynamique prometteuse certes à ses tout débuts. Des pans entiers de la société habituellement sceptiques et défiants commencent à renouer avec l’espoir. Puisse cette dynamique s’amplifier.

Ali Ghediri affiche sans ambages sa ferme volonté d’opérer, grâce à la mobilisation citoyenne et par la voie des urnes, la rupture avec le « système » tant au plan matériel (rente pétrolière) que symbolique (rente puisée dans le sang des martyrs). En creux, il propose la mise en place d’un système d’objectivation de la sanction aussi bien au plan économique (travail, mérite…) que politique (démocratie, urnes, alternance…).

Dans sa vision, le statut des personnes dans la société sera déterminé non par leurs (les personnes) capacités de nuisance, de prédation et de captage de la rente, mais bien par leur contribution tangible à l’effort national, leur apport à la création des richesses et les services qu’elles rendraient à la société.

Les attaques virulentes dont Ghediri fait l’objet attestent bien du danger qu’il représente pour le « système ». Il apparaît comme l’alternative à ce que l’on pourrait commencer par appeler « l’ancien régime » qui se meurt de … mort lente, malheureusement.

Bien sûr qu’il y a des interrogations, des incertitudes, des risques en tout genre. Mais la vie n’est-elle pas une suite ininterrompue de risques ?!
Ne vaut-il pas mieux être acteur et prendre tous les risques pour une cause juste, noble plutôt que de rester à attendre avec le de danger de subir encore et encore ?

« Quelles sont les garanties contre l’usage de la fraude ? »

A l’évidence, la seule garantie réside dans la mise en mouvement de toutes celles et de tous ceux qui aspirent à la rupture avec ce système inique, irrémédiablement frappé d’obsolescence et que le mot d’ordre « pour une Algérie forte, démocratique et solidaire » devrait suffire à fédérer.
Le contexte fait effectivement que le système miné par ses contradictions internes et face à la volonté de changement de la société, peut être tenté par l’aventure. Mais si la mobilisation des forces du changement est à la hauteur des exigences il n’aura d’autres choix que de céder pacifiquement en acceptant le résultat des urnes.

Je fais partie des très nombreuses personnes qui pensent sincèrement qu’il faut se saisir de cette chance pour faire du 18 avril 2019 une date historique, celle de la pose de la première pierre du chantier de la deuxième république et de l’édification de ses institutions.

« Quelle chance a Ghediri ? »

Toutes les chances ! Et quand bien même il n’en aurait aucune, je lui apporterai mon soutien rien que pour ces idées-là.

« Soutenir Ghediri dans ce contexte et ces conditions, n’est-ce pas lui donner un chèque en blanc ? »

Question tout à fait légitime ; mais très franchement Je ne le pense pas.

Voilà, chèr-e-s camarades et ami-e-s, les raisons qui m’ont amené à prendre cette décision en parfait accord avec ma conscience.
Peut-être me trompè-je ?! Eh bien, là aussi j’en prends le risque. D’ailleurs, se méprendre n’est pas « chose » nouvelle. Je me suis trompé plus souvent qu’à mon tour et nous nous sommes trompés collectivement plutôt plusieurs fois qu’une.

Mais qui sait… peut-être que le 18 avril prochain, on dira, comme Abraham Lincoln en son temps « un bulletin de vote est plus fort qu’une balle de fusil»

Alger, le 8 février 2019

Arab Izarouken

Ancien militant du PAGS et du MDS

Consultant à la retraite

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