Algérie – Présidentielle d’avril 2019 : Le grand tournant

La candidature de M Ali Ghediri à la présidentielle du 18 avril 2019, semble donner un coup de fouet à un scrutin dont la tenue était, il n’y a pas si longtemps, peu probable. Entre les tenants de la continuité et les appelants au report, la convocation du corps électoral, a mis fin aux entourloupes de toute la classe politique «classique».

Sans parcours politique connu, cet ex-officier supérieur de l’ANP s’invite ainsi dans l’arène en tant que civil. En effet, à son départ en retraite, tout militaire est automatiquement radié des effectifs de l’armée. Ce qui de fait rend légitimes ses ambitions de citoyen à part entière, dans la course à la magistrature suprême.

Cependant, le paysage politique étant ce qu’il est dans notre pays, cette candidature si elle venait à être officialisée, aura la particularité de dépoussiérer la liste des «abonnés» à la candidature à laquelle on a été jusque-là habitués.

Aussi, le fait qu’il soit inconnu du grand public, peut lui servir d’atout majeur lors de la campagne électorale. On a pu apprécier à travers ses contributions dans la presse (El Watan), l’usage d’une terminologie qui l’éloigne du ronronnement auquel on a eu droit lors des précédents scrutins de la part de ses potentiels adversaires.

Ces derniers, davantage hommes d’appareils que politiques, se sont déshabillés devant l’opinion publique en étalant leur servilité, suivisme et crasse incompétence à pénétrer la société. A aucun moment on les a vu se «frotter» au peuple dans ses moments d’esseulement ni plonger à son secours, lorsque par désespoir il s’est jeté à la mer.

L’Éducation nationale, la Santé… ont connues des crises paralysantes pour la société, sans que ces carriéristes ne daignent lever le petit doigt, si ce n’est pour venir au secours du gouvernement accuser leurs concitoyens de tous les maux.

Le Messie ne viendra pas !

Cela étant, il ne s’agit en aucun cas de défendre un nouveau venu contre d’inexorables futurs répudiés. Toutefois, la situation que traverse le pays exige du sang neuf, des compétences et une rigueur dans la gestion de la chose publique différente de celle qui consiste à gérer la paix sociale à coups de mesures corruptrices. Car, il faut le dire, les Algériens ne sont pas exempts de reproches dès lors qu’ils ont accepté un deal non écrit dans le partage de la rente. Aussi, le renouveau du pays passe inévitablement par eux, à travers leur appréciation à sa juste valeur du danger qui guette le pays sur plusieurs formes et sur de nombreux fronts. Qu’il se cache derrière un baril de pétrole ou une planche à billets, le Messie ne pourra rien pour un peuple assisté.

Oui à l’alternance, non au clonage !

Parce que l’Algérien est oublieux, il faut lui rappeler que depuis l’indépendance, le pouvoir politique communément qualifié de «système», s’est auto-reproduit grâce à des mutations plus machiavéliques que génétiques, assurant sa pérennité ainsi que de tous les parasites qui lui gravitaient autour. Cela va des partis de l’alliance, aux islamistes ainsi qu’aux pseudo-démocrates, faisant ainsi de la scène politique nationale une structure familiale au sens mafieux du terme.

En effet, plus d’une dizaine de partis se prévalent du programme du Président de la République reniant même leur raison d’exister. Une dilution qui les décrédibilise de par leur nombre autant que le sont de nombreux titres de presse qui parasitent l’opinion, au grand bonheur d’un régime qui a réussi à leur faire faire des faits divers une info vitale et du charlatanisme, le salut de l’âme.

L’Algérie n’a pas droit de rater le tournant de la présidentielle d’avril 2019. Sa survie en dépend. Celle des tenants du pouvoir et des clients du système est pour sa part garantie.

C. Mechakra

Source: Le Provincial 

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