Macron : Référendum et Gilets Jaunes

L’une des exigences principales des «gilets jaunes» est l’instauration du Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC) qui permettrait à la population d’avoir un contrôle sur les lois votées par les députés français ainsi que sur les réformes décidées par le gouvernement.

De son côté, Emmanuel Macron a à de nombreuses reprises exprimé son refus d’accéder à cette requête des «gilets jaunes», l’appelant à un renoncement de la démocratie représentative à laquelle il a répété maintes fois ces dernières semaines son attachement.

Pourtant, la possibilité d’organiser une consultation nationale a été évoquée cette semaine dans «Le Journal du dimanche». Selon l’hebdomadaire, Emmanuel Macron serait de plus en plus enclin à soumettre une ou plusieurs questions au vote des électeurs le 26 mai prochain, jour des élections européennes.

Les Français pourraient alors être interrogés sur des sujets institutionnels (réduction du nombre de parlementaires, reconnaissance du vote blanc, limitation du cumul de mandats dans le temps…). Le premier ministre, Edouard Philippe, a toutefois souligné que soulever l’hypothèse d’organiser ou non un référendum était prématurée.

«Il y a un grand débat qui est en cours […], la question de savoir dans quelles conditions, sur quelles propositions nous [en] sortirons est une question qui n’est pas encore à l’ordre du jour», a-t-il déclaré, sans autre commentaire. Par ailleurs, l’opposition a critiqué à l’unisson cette éventuelle concomitance de calendrier.

Marine Le Pen, bien que favorable au référendum, a dénoncé une «manœuvre» d’Emmanuel Macron. «Avant même d’avoir lancé le grand débat, il avait déjà décidé de proposer un référendum le jour des européennes pour détourner évidemment le sujet d’intérêt des européennes, où il sait que les positions qu’il défend sont tout à fait minoritaires dans le pays», a-t-elle affirmé.

«C’est une tentative d’entourloupe de la part du gouvernement», a commenté pour sa part Manon Aubry, la candidate de La France insoumise aux européennes.

Macron et le gouvernement tentent «d’étouffer le mouvement [des «gilets jaunes»], de légitimer [leur] politique en ne changeant pas de cap, en essayant de faire un petit lifting démocrate sans répondre aux aspirations populaires» et, enfin, de «noyer le débat sur les européennes». A droite, la tête de liste du parti Les Républicains, François-Xavier Bellamy, a également critiqué le calendrier, estimant qu’un référendum organisé le 26 mai «occulterait totalement le débat des européennes».

«Or, nous avons besoin d’un vrai débat sur les européennes, un vrai débat sur l’avenir de l’Europe, et ce serait absurde de remplacer ce débat par une discussion sur des questions d’intérêt national».

Par ailleurs, le candidat estime «qu’on ne sortira pas de la crise actuelle par un référendum». Il réclame à la place «un nouvel élan politique», qui ne «peut sortir que d’une proposition politique globale».

Reste à savoir si les Français seront consultés sur la date de cet éventuel référendum et si surtout ils seront nombreux à y participer alors même que les taux de participation aux élections «classiques» se font de plus en plus faibles.

Le Jour d’Algérie