Maroc: Le politicien et son double

M. Abdelouahed Marchoudi

La dernière sortie médiatique de Benky ex-premier ministre et chef du gouvernement reprise et diffusée par tous les réseaux sociaux, a vraiment brillé par son côté inopiné et surtout maladroit. Inopiné pour la simple raison que personne n’a rien demandé au monsieur en termes d’explication sur la rente ou l’aubaine dont il va entrer en jouissance. Et maladroite parce que cherchant à légitimer ce qu’il a toujours prétendu abhorrer, exécrer vouloir combattre et abattre comme une rente viagère usurpée et nullement méritée chez les autres, mais accepté par lui, il a péché par maladresse, par hypocrisie et surtout par un argumentaire qui n’en est pas un.

Sur le plan des échelles argumentatives d’Oswald Ducrot, le monsieur a tout confondu: causes, arguments, motivations personnelles et alibis. Ce qui a fait de son discours un non-discours incohérent et décousu mêlant la bestialité à la fiscalité et sa prétendue pauvreté à des largesses financières sous forme d’une berline royale et une pension impériale. Ayant pris l’habitude de s’adresser au menu peuple par un discours populiste mais surtout à caractère offensif où ses adversaires politiques étaient ses conquêtes et oū son verbiage opérait cette magie perlocutoire en s’adressant aux sentiments d’un auditoire crédule et sous l’effet des mots de la religion.

Or, l’effet de sa magie, cette fois-ci n’a pas pu opérer pour la simple raison que pour la première fois, l’homme est acculé à la défensive et que c’est lui et ses contradictions qui sont au banc des accusés.

D’aucuns vont dire que l’homme est reconnu par ses torts, ses contradictions, ses volte-face et qu’on lui a toujours pardonné. Oui, parce qu’il était dans la primature et qu’on gardait l’espoir d’un éventuel revirement et un vrai retour à ses promesses. Mais cette fois-ci, l’homme sans lendemain n’est qu’un fusible qui a sauté et qui ne sert plus à rien.

Désormais, il fait partie de cette horde qui vit sur le compte des braves citoyens qui crèvent quotidiennement à la tâche pour des retraites improbables, mais à contrario pour engraisser la rente de l’autre: de cette horde de chanceux qui se goinfrent de la sueur des autres. Oser prétendre qu’après la mise à la retraite forcée, le monsieur est dans la dèche, lui qui a coûté à l’Etat des sommes colossales est une blague du mauvais goût et qui ne fait rire personne; dans ce cas, que va dire le commun des mortels marocains qui n’a jamais pu compter avec ses doigts plus de 3000dh mais qui garde, au moins cette dignité de ne pas mentir et de ne pas crier sur tous les toits ni sa pauvreté, ni son avenir incertain. En dernier lieu, dans cette sémiologie des politiciens véreux, certes, les stratégies ne se ressemblent pas, l’une est plus diabolique que l’autre; mais elles concordent dans leurs finalités: se moquer et gruger le bas peuple, celui-là même qui les a fait porter aux cimes.

Merci quand même Benky, de nous avoir sorti de notre torpeur voire léthargie et de nous avoir montré un autre visage de nos politiciens qui se ressemblent mais ne s’assemblent pas pour des conflits d’intérêts trop personnels. Bonne soirée !

– M. A.Marchoudi –

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