Gabon: Des decrets de nomination un peu bizarres

Lorsque certains actes administratifs sont pris au mépris des règles et avec malice, ils sont qualifiés de faux. Leurs auteurs encourent de ce fait les peines prévues par le code pénal en son chapitre VIII consacré aux faux, pour faux en écriture publique.

L’écoute de la lecture faite par le greffier en chef de la Cour Constitutionnelle, des décrets portant nominations du premier ministre et des membres de l’ancien nouveau gouvernement Julien Nkoghe Bekale lors de la cérémonie de prestation de serment à Ali Bongo, plusieurs gabonais ont relevé que les dates énoncées ne correspondaient nullement à celles communiquées par le Secrétaire général de la présidence de la république et le premier ministre.

L’on se souvient que c’est dans la nuit du 11 janvier 2019 que M. Jean-Yves Teale, secrétaire général de la présidence gabonaise, était apparu à télévision pour annoncer les nominations du nouveau premier ministre et du nouveau médiateur de la république. On pouvait reconnaître derrière lui, le décor de la salle ayant servi à d’Ali Bongo, lors de son message de vœux aux gabonais, censé avoir été enregistré dans les locaux de l’ambassade du Gabon à Rabat .

Dans la nuit du même vendredi 11 janvier 2019 , des images présentant le nouveau premier ministre assis dans le salon d’honneur de l’aéroport de Libreville, ainsi qu’au pied d’un avion pour embarquement à destination de Rabat furent publiés à travers les réseaux sociaux. Ce qui supposerait qu’y étant arrivé au petit matin, il n’aurait pu rencontrer Ali Bongo, afin de lui soumettre la composition de son gouvernement, que dans la journée du samedi 12 janvier 2019. Raison pour laquelle il apparut lui aussi ce jour à la télévision gabonaise, dans la même salle supposée de l’ambassade du Gabon au Maroc, avec le même décor, pour donner lecture du décret du président de la république en date de ce jour, fixant composition de son gouvernement.

Aussi, du fait que le message de vœux d’Ali Bongo à la nation, les communiqués lus par le Secrétaire général de la présidence et le Premier ministre aient été enregistrés dans la même salle, on peut sans hésiter, conclure que tous les décret pris et signés par Ali Bongo et rendus publics les 11 et 12 janvier 2019, n’ont pu l’être qu’à Rabat et non à Libreville.

Or, selon le greffier en chef de la Cour Constitutionnelle, Ali Bongo qui ne serait officiellement arrivé à Libreville en catimini que le mardi 14 janvier 2019 à 1h 07 mn, les décrets portant nominations du Premier ministre et du Médiateur de la république aurait été pris et signé par ce dernier, les samedis 12 et lundi 14 janvier 2019 à Libreville. Autrement dit, après leur publication par le SG de la présidence de la république et le Premier ministre, en plus de l’avoir été avant le retour d’Ali Bongo au Gabon.

Serait-on en face d’une farce institutionnelle qui s’apparenterait à un faux en écriture publique et un usage de faux au sommet de l’état, avec la complicité active de la Cour Constitutionnelle ?

« Le criminel commet toujours une toute petite erreur ».

Ce texte n’est pas de moi mais il me parle.

#FJ

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