Maroc : l’innommable assassinat de deux jeunes touristes

par Hayat Bousta

Le 17 décembre 2018, deux jeunes femmes de nationalités norvégienne et danoise ont été sauvagement assassinées après avoir été violées et torturées. Elles venaient passer des vacances dans le Sud du Maroc, dans la province d’Al-Hawz.

Ce crime odieux et indicible a été condamnée dès l’annonce par plusieurs partis et associations marocaines.

Le climat social au Maroc est de plus en plus délétère et rend difficile la possibilité de la libre circulation en particulier des femmes.

Le clivage social qui ne fait que s’approfondir ouvre la porte aux extrémismes.

On ne peut que s’indigner devant l’innommable en soutenant les familles de ces deux jeunes filles.

La Coalition civile pour l’application de l’article 19 de la constitution marocaine [1], instance nationale de coordination des associations féministes représentée par l’Union de l’Action Féminine, la Fédération de la Ligue des Droits des Femmes, Jossour Forum des Femmes Marocaines et l’Association Marocaine de Lutte contre la violence à l’égard des femmes a publié le 19 décembre 2018, le communiqué ci-dessous :

« Nous avons reçu, en tant qu’associations Féminines et de la Coalition Civile pour l’Application de l’Article 19 de la Constitution, avec amertume et grande colère, le terrible crime barbare de l’assassinat de deux jeunes femmes touristes de nationalité norvégienne et danoise le Lundi 17 Décembre 2018 dans la région de Shamharuch, dans la province d’Al-Hawaz, après leur viol, leur massacre et la mutilation de leurs corps ….

Ainsi et sur la base du communiqué publié par le procureur général de la Cour d’appel de Rabat, informant le public que l’un des accusés fait partie d’un groupe extrémiste et que le crime est lié à un acte terroriste, et dans l’attente de l’achèvement des étapes restantes de l’enquête, Nous :
• Condamnons vivement et dénonçons fermement ce crime terroriste, qui a visé le droit sacré à la vie, et de l’intégrité des corps des femmes, au nom de « la loi du dieu  » contre toutes les lois, les normes et les valeurs universelles communes entres toutes les cultures et les civilisations et les religion ».

– Adressons nos sincères condoléances aux familles des victimes du crime terroriste odieux, aux États de Norvège et du Danemark (peuples et gouvernements) ainsi qu’à l’humanité dans son ensemble ; nous partageons leur tristesse et exprimons notre totale solidarité.

– Appelons le gouvernement et les diverses institutions publiques concernées à assumer leurs responsabilités en renforçant la protection des femmes et en leur assurant des conditions de sécurité et de l’intégrité corporelle dans les sphères publiques et privées, car elles sont les plus exposées à la discrimination et à la violence, et ciblées par les discours et les actes de l’extrémisme.

– Réitérons nos revendications à l’État et au gouvernement, pour éradiquer les sources de l’extrémisme et du terrorisme qui s’épanouissent dans les mentalités et dans les milieux de l’ignorance et de l’obscurantisme , et de confronter ses niches , et tous ceux qui se disent « gardiens de la religion et du sort des gens « , et de combattre l’idéologie de la haine, de la xénophobie , de la discrimination ; de l’extrémisme et de la violence , instrumentalisée que ce soit par le biais de l’éducation, dans les écoles , dans les mosquées ou dans les médias publics et privés, ainsi que par le biais de divers moyens politiques et culturelles, ainsi que par des canaux illégaux opérant en secret.

– Soulignons la nécessité de renforcer les acquis constitutionnels, juridiques et moraux du Maroc dans leur universalité, en particulier celles qui consacrent des valeurs, des textes, des normes et des interprétations et des pratiques ouvertes et progressives de la dignité humaine, des libertés et des droits fondamentaux et de l’égalité entre les femmes et les hommes.

– Appelons les différentes forces et mouvements contre l’extrémisme et la haine à unir leurs efforts et de renforcer la mobilisation et les actions communes, afin d’immuniser les acquis nationaux et consolider le processus démocratique et l’Etat de droit. »

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Notes
[1] l’article 19 de la constitution marocaine révisée en 2011 stipule : « L’homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental, énoncés dans le présent titre et dans les autres dispositions de la Constitution, ainsi que dans les conventions et pactes internationaux dûment ratifiés par le Royaume et ce, dans le respect des dispositions de la Constitution, des constantes et des lois du Royaume. L’Etat marocain œuvre à la réalisation de la parité entre les hommes et les femmes. Il est créé, à cet effet, une Autorité pour la parité et la lutte contre toutes formes de discrimination ». La coalition civile réclame son application, les mesures effectives tardant à voir le jour.

21 décembre 2018

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