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Algérie: Présidentielle… mêmes pratiques qu’en 2014

Les coups bas ont toujours fait partie des mœurs politiques, dans les démocraties comme dans les dictatures. La calomnie est certainement, comme disait Hervé Bazin, « la dernière ressource de l’impuissance ». Les Algériens se souviennent qu’à quelques semaines de la présidentielle de 2014, une guerre de bas étage s’était ouverte à la suite du « départ – forcé ? Négocié ? – du général-major Toufik Médiène, le patron du Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS) durant un quart de siècle, de 1990 à 2015, opposant les hommes de ce dernier à ceux de la Présidence.

Les accusations, notamment de trafic de drogue, de corruption et autres perversions, pleuvaient sur les deux clans sans qu’aucune enquête n’ait été diligentée ni aucune plainte pour diffamation n’ait également été déposée, malgré les menaces publiques proférées. Le premier coup de feu, chacun s’en rappelle, avait été tirée par Amar Saadani, le fantasque Secrétaire général du FLN, protégé de la Présidence de la République et du chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd-Salah.

Les coups portés par le S/G de l’ancien parti unique sont durs, se situant en dessous de la ceinture. Il le rend responsable des « défaillances sécuritaires » qui ont coûté la vie à Mohamed Boudiaf en 1992 à Annaba, aux moines de Tibhirine en mai 1996 dont les corps n’ont toujours pas été retrouvés, ainsi qu’aux « défaillances sécuritaires lors de la tentative d’assassinat du président Abdelaziz Bouteflika à Batna en septembre 2007, » à Tinguentourine en janvier 2013, où se trouve un des sites gaziers les plus importants du pays. Amar Saadani ne réclamait pas moins que la démission du patron du DRS.

Nous assistons, à la veille de « l’élection » présidentielle d’avril 2019, grosso-modo, au même scénario qui n’est sans doute pas encore fini ; beaucoup s’attendent à des développements avant l’échéance « électorale » : l’affaire de la cocaïne du port d’Oran qui n’a pas livrée tous ses secrets suffit, à elle seule, pour remarquer les similitudes avec 2014.

Les manipulations venant des trois côtés du triangle (Présidence, état-major, « DRS » Toufik, lequel n’a toujours pas digéré la condamnation et l’emprisonnement du général Hassan, de son vrai nom Abdelkader Aït Ourabi] sont aussi subtiles que fréquentes, et les protagonistes n’ont pas fini de fourbir leurs armes, la désinformation n’en est pas la moindre. Comme le général-major Toufik et ses hommes, le général-major Gaïd-Salah attend le moment de faire payer la facture à ceux qui ont décidé de libérer les généraux-majors (Habib Chentouf, Saïd Bey, Aberrezak Chérif, Nouba Menad et Boudjemaa Boudouar) placés en mandat de dépôt par la justice militaire.

Les agitations du primesautier général-major Ali Ghédiri qui, comme la mouche du coche dans la fable de Jean de La Fontaine, s’attribuera les « avancées » des différents attelages, montrent, me semble-t-il, que rien n’est encore joué, non pas au sujet du 5ème mandat, déjà ficelé, selon toute apparence, mais à propos de la succession de Abdelaziz Bouteflika.

Brahim Younessi

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