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Algérie, 2019 l’année du doute

Ghania Khelifi

Bientôt 2019 et les Algériens fortunés se préparent à fêter la nouvelle année dans les grands hôtels ou à l’étranger pour les plus chanceux. Pour le reste de la population, il n’y aura pas de répit dans la bataille quotidienne pour maintenir à flot la famille avec une monnaie locale au plus bas niveau et un pouvoir d’achat squelettique.

La nouvelle année risque d’être la même que celle qui s’achève avec son lot de grèves, manifestations populaires, chômage et jeunes harragas (migrants clandestins). Le seul changement possible pourrait venir de la présidence de la République lors des prochaines élections présidentielles d’avril 2019.

Ce n’est pas en réalité l’acte de voter ou le fait en lui même qui présentent un quelconque intérêt. Les scrutins en Algérie sont rarement des surprises puisque la majorité des « élus » sortent des tiroirs du pouvoir et quelques autres d’une opposition de façade à laquelle des miettes sont concédées pour donner un semblant de pluralisme. Cette fois-ci les adeptes des confidences de « sources officielles », les analystes de tout poils et même les think tanks étrangers sont en panne de scénario.

Le président actuel, Abdelaziz Bouteflika, 81 ans, en poste depuis 1999 ne laisse rien deviner de ses intentions. En a t-il seulement la capacité? Nombre de personnages de son sérail parlent en son nom bien entendu et assurent de sa volonté de briguer un cinquième mandat. Anti constitutionnel soit dit en passant. Sauf que personne ne peut assurer que le président algérien soit encore en mesure de prendre une quelconque décision ni qu’il soit encore en possession de ses facultés mentales. Le spectacle de ce vieil homme que l’on exhibe recroquevillé dans un fauteuil roulant, les yeux vitreux, le visage sans expression bouleverse les Algériens.

Un sentiment de honte pour leur pays et de pitié pour cet homme qui fut un brillant diplomate, le plus jeune ministre des affaires étrangères de l’Algérie indépendante et un président tonitruant au début de son premier mandat.

Il est le dernier survivant de cette Algérie des années 1970 surnommée alors « la Mecque des révolutionnaires », chef de file du mouvement des pays non-alignés et « terre des martyrs de la liberté ». Le temps où un jeune homme aux yeux verts interpellait les puissants du monde du haut de la tribune des Nations-Unies au nom de son pays l’Algérie.

De tout ce passé dont on expurge la répression et l’absence de libertés par nostalgie ou par compassion, il ne subsiste aujourd’hui que l’affligeant spectacle de ce vieil homme malade que l’on n’a plus entendu depuis son grave accident cardiovasculaire en 2013. Ses communiqués et ses décisions remplissent les journaux mais personne n’en connait les auteurs. Les prétextes, jusqu’à invoquer une grippe -pour le soustraire au protocole des audiences de personnalités étrangères- ne font plus rire personne.

Son entourage ne recule devant rien pour faire croire à son pouvoir. N’ont-ils pas défilé avec sa photo encadrée grandeur nature pour inaugurer des manifestations en faisant comme s’il était présent? Comment peut-on parler d’un cinquième mandat pour un homme dans un tel état de décrépitude physique.

Les rumeurs de report des élections, de cinquième mandat enflent de jour en jour mais la vraie question est de savoir qui va décider de l’une ou l’autre option? Sa famille ? Les chefs de l’armée?

Les Algériens sans aucune information fiable craignent avant tout pour la paix de leur pays. Une guerre des clans au sommet de l’Etat pourrait se traduire par une menace sur leur propre sécurité et ouvrir une brèche à un terrorisme islamiste toujours à l’affût.

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