À l’aube de 2019 Vœux & aveux

Par Abdel Aziz HALI

Une année s’achève pour laisser place à une autre. Une année 2019 qui s’annonce riche en événements politiques avec des élections (présidentielles, législatives, sénatoriales, référendums, régionales, provinciales et municipales) tous azimuts. Que des rendez-vous électoraux porteurs de voeux d’espoir.

En Amérique du Sud, entre tradition socialiste et une droite déjà aux commandes dans plusieurs pays, les Boliviens, les Argentins et les Uruguayens iront aux urnes pour élire un président et renouveler leurs parlements.

En Afrique, La Guinée ouvrira le bal des scrutins, dès janvier, pour renouveler son parlement. Puis, elle sera suivie du Nigeria (16 février) pour des élections générales. Quant aux Sénégal (24 février) et l’Algérie (avril), Macky Sall et Abdelaziz Bouteflika tenteront de prolonger leurs mandats présidentiels, même si pour notre grand voisin de l’Ouest, les autorités en place avaient déjà évoqué l’hypothèse d’un report des élections. Pour la Libye, c’est un saut dans l’inconnu dans un pays sans guide ni boussole.

Dans le Vieux Continent, le 31 mars prochain, les Ukrainiens seront au rendez-vous pour le premier tour de la présidentielle et devront attendre le mois d’octobre pour enchaîner avec les législatives. Toujours en Europe, sous d’autres cieux, l’avenir politique de plusieurs nations sera accroché aux résultats des législatives à l’instar de la Moldavie (24 février), l’Estonie ( 3 mars), la Finlande (14 avril), la Belgique (26 mai), le Danemark (juin), le Portugal (6 octobre), la Grèce (13 octobre), la Suisse (20 octobre), la Pologne (novembre au plus tard), etc.

Et les événements majeurs de 2019 ne s’arrêteront pas aux portes des législatives ou des présidentielles. Dans l’un des derniers bastions du communisme dans le monde, les Cubains auront l’occasion de façonner l’avenir de leurs enfants en se prononçant via un référendum sur le projet de la nouvelle Constitution. Le régime marxiste fondé par le Lider Maximo, Fidel Castro, offre ainsi à ses citoyens quatre changements majeurs: l’abandon de la référence à la «société communiste», la reconnaissance de la propriété privée et de l’économie de marché et surtout la création des postes de premier ministre et de président avec un mandat présidentiel de 5 ans, renouvelable une seule fois. Il reste à rappeler que depuis la révolution du 1er janvier 1959, le chef de l’État était le président du Conseil d’État. Voilà une autre révolution en perspective !

En revanche, au pays du Soleil-Levant, le 30 avril 2019, et avant les Sénatoriales de juillet, les Nippons seront, également, témoin d’un événement historique. En effet, pour la première fois depuis plus de deux siècles et l’abdication de Kokaku en 1817, Naruhito succédera à son père Akihito (85 ans) sur le trône de l’Empire.

Certes, aux quatre coins du globe, à l’aube de l’année 2019, les attentes sont énormes et ces quelques lignes ne peuvent en aucun cas exprimer tous les voeux de ce monde. Mais, on ne peut pas tourner la page de 2018 sans exprimer quelques regrets aux allures d’aveux.

Des aveux de l’échec des efforts de paix dans plusieurs contrées, notamment en Syrie (guerre civile), en République démocratique du Congo (Guerre du Kivu ainsi que la rébellion des Kamwina Nsapu), dans l’Est urkainien (guerre du Donbass), au Myanmar avec le drame des Rohyngas (conflit dans l’Etat d’Arasant ciblant la communauté musulmane en Birmanie), en Libye, au Mexique (la guerre opposant les cartels du narcotrafic), aux Philippines (insurrection moro), en Somalie (guerre civile), au Soudan du Sud (guerre civile), en Afghanistan (insurrection des talibans), en Inde (insurrection au Jammu-et-Cachemire), en Egypte (les attentats terroristes dans la Péninsule du Sinaï et la traque des jihadistes par les forces armées égyptiennes), et surtout au Yémen.

Plongé depuis 2015 dans une guerre civile, le Yémen et ses habitants vivent au quotidien les affres d’un conflit sans fin. Une guerre qui a coûté la vie à dix mille âmes en grande partie des civils (la plupart des enfants), victimes de la faim, des maladies, de l’effondrement du système de santé et des bavures des raids aériens de la coalition arabe.

Si l’accord de trêve conclu, mi-décembre, entre le gouvernement yéménite et les rebelles houthis sous l’égide de l’ONU à Stockholm a redonné espoir aux 22 millions de Yéménites, la tâche du chef des observateurs des Nations unies, le général à la retraite Patrick Cammaert, s’annonce difficile pour réconcilier les Frères ennemis du Sud de la Péninsule arabique et faire respecter le cessez-le-feu conclu dans la capitale suédoise.

Et, comment peut-on quitter l’année 2018 sans exprimer les aveux d’impuissance des Démocrates libéraux de tous bords face à la percée en Europe des partis d’extrême-droite et la montée en puissance des mouvements populistes dans le monde?

Du casse-tête chinois autour du Brexit — une sortie de l’Union européenne initiée en 2017 sous l’impulsion du parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) — à l’élection de Jair Bolsonaro au Brésil en passant par la victoire des populistes (le « Mouvement 5 étoiles » de l’énigmatique Luigi Di Maio) et nationalistes (la « Ligue du Nord » du sulfureux Matteo Salvini) en Italie, les mouvements souverainistes et euro-sceptiques se voient pousser des ailes surtout avec ce qui se passe aux États-Unis depuis l’élection de Donald Trump: les tweets du locataire de la Maison-Blanche critiquant la politique des dirigeants franco-allemands et son bras de fer avec le Congrès pour financer son mur de la honte voire ses menaces de fermer quasiment la frontière avec le Mexique.

C’est le cas au pays de Goethe avec le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) qui ne cesse de bouleverser l’échiquier politique. Avec 18% des intentions de vote aux derniers sondages, et 92 députés sous la coupole de verre du Reichstag, ce mouvement xénophobe est désormais la première force d’opposition en Allemagne faisant de « Mutti » (surnom de la chancelière Angela Merkel), plus que jamais affaiblie politiquement, sa « bête noire » et transformant le Bundestag en zone de confrontations parlementaires.

Cette nouvelle donne allemande vient s’ajouter à l’hégémonie populiste déjà bien installée en Hongrie, depuis 2010, avec le Premier ministre nationaliste Victor Orbán (Fidesz-Union civique hongroise, Fidesz-MPSZ: un parti de droite). Idem, chez le voisin autrichien avec le Parti populaire autrichien (ÖVP), qui a offert au pays en décembre 2017 son plus jeune chancelier fédéral en la personne de Sebastian Kurz (32 ans).

Dans la même foulée, les mouvements populistes et d’extrême-droite ont, également, profité de la crise sociale en France pour se fondre dans la mobilisation spontanée des « Gilets jaunes » ce qui explique les quelques dérapages et débordements violents tels que les actes de pillages et de vandalisme dans la Ville lumière.

Pis encore, en Belgique, le Premier ministre Charles Michel a fini par remettre sa démission le 18 décembre 2018 au Roi Philippe, environ dix jours après que les Nationalistes de l’Alliance néo-flamande (N-VA) aient menacé de quitter la coalition gouvernementale pour dénoncer la signature du Pacte mondial sur les migrations de l’ONU à Marrakech.

Face à un paysage politique européen affichant le slogan « À droite toute », les célébrations du centenaire du traité de Versailles, le 28 juin 2019, marqueront, certes, la fin des commémorations de la Grande Guerre commencée en 2014, avec les cent ans du début du conflit, mais sans pour autant garantir une non-récidive dans une Europe clivée et gouvernée par des anti-migrants .

Enfin, entre déceptions et attentes, que nos voeux de 2019 soient porteurs d’espoir et de prospérité à l’humanité que les aveux de 2018.
Bonne année à toutes et à tous.

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