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Tunisie: L’engagement des jeunes et des femmes dans la vie politique et les affaires locales en net recul

Les chiffres sont parlants : 47% des jeunes et 42% des femmes ne s’intéressent absolument pas à la vie politique ni aux affaires locales.

Dans l’objectif d’évaluer et de mesurer le taux d’engagement citoyen des jeunes et des femmes dans la vie publique et locale, six mois après les élections municipales, le réseau «Mourakiboun», en collaboration avec le bureau d’études “One to One for Research and Polling” et avec l’appui de la fondation allemande Heinrich Böll, vient de réaliser une étude sur « La participation des femmes et des jeunes dans la vie publique et les affaires locales».

Evidemment, les sondés n’ont pas les mêmes degrés d’implication et n’ont pas, tous, vocation à participer au développement et à la construction de la Tunisie post-révolution. Mais le constat qu’on peut tirer est que nos jeunes et nos femmes se détournent de la vie politique. L’analyse de cette donnée passe nécessairement par la compréhension des raisons profondes derrière cette abstention forte, ce qui explique sans doute le recours à poser des questions sur l’évaluation de la situation économique générale du pays, et le taux de satisfaction relatif à la situation politique. Selon les données fournies, 92.5% des jeunes et 91.2% des femmes évaluent de manière négative la situation économique du pays. Ces chiffres ne diffèrent pas de ceux relatifs à la vie politique où 84.5% des jeunes et 81.3% des femmes ont exprimé leur insatisfaction du climat politique actuel. D’une manière générale, 47% des jeunes et 42% des femmes ne s’intéressent absolument pas à la vie politique ni aux affaires locales.

Seulement 5% des jeunes et des femmes connaissent le nom du gouverneur de leur région

D’après Youssef Meddeb, directeur général et fondateur de «One to One», ce comportement peut s’expliquer par l’absence et le manque flagrant d’information au niveau de la cible interrogée. Seulement, 5% des jeunes et des femmes connaissent le nom de leur gouverneur. Ces chiffres s’améliorent un peu au niveau du maire fraîchement élu où 24.2% des jeunes et 21.1% des femmes connaissent son nom. Autre chiffre inquiétant, près des deux tiers des femmes et 50% des jeunes ne savent pas qu’ils ont le droit d’assister et de participer au processus décisionnel au niveau des conseils municipaux, qui est un droit garanti par la loi. «Ce sont des taux à améliorer considérablement, parce qu’en engagement associatif et citoyen, il faut, à la limite, connaître les personnes élues pour être un vecteur efficace dans le développement du pays», indique Meddeb.

En ce qui concerne la participation des jeunes et des femmes dans les activités locales et le travail associatif, le taux n’a pas dépassé les 13% chez les jeunes, contre 6% seulement chez les femmes.

A une question sur les principales attentes, la création d’emplois au niveau municipal figure en tête de liste (23.4% chez les femmes et 29.3% chez les jeunes), suivie de l’amélioration de l’infrastructure notamment celle des routes (22.3% chez les femmes contre 22.8% chez les jeunes). «Il reste beaucoup à faire en termes d’engagement citoyen pour que cette voix des jeunes et des femmes soit représentée afin de créer une action réelle. Malgré ces chiffres, on constate une volonté d’agir au niveau de la municipalité pour changer la situation économique et politique du pays et la faire évoluer. Nos jeunes et nos femmes n’hésitent pas à participer à des actions de nettoyage ou à des campagnes liées à l’environnement…Ce qu’il faut retenir est que l’espoir en un changement positif ne manque pas», affirme Meddeb.

Participer à la prise de décisions au sein des collectivités locales

Pour sa part, Heike Löschmann, directrice de Heinrich Böll, indique qu’il faut œuvrer pour appuyer la transition démocratique et renforcer la culture de citoyenneté et de développement durable en Tunisie. Pour encourager la population à participer dans la prise des décisions au sein des collectivités locales, il faut la sensibiliser sur ce droit acquis et communiquer davantage sur les informations existantes mais qui restent inconnues auprès de cette catégorie. «Les présidents de municipalité et les maires doivent ouvrir leurs portes au citoyen pour créer une vraie participation à l’action dans la vie publique et les affaires locales. On ne doit pas dissimuler les informations mais il faut sensibiliser les membres des conseils municipaux quant à la nécessité de faire participer le citoyen dans cet engagement qui représente son futur et l’avenir des prochaines générations… Malgré ces chiffres, on peut rattraper le retard cumulé et avancer à pas stables dans l’engagement citoyen», précise-t-elle.

Il est à noter que l’étude a été réalisée sous la forme d’un sondage détaillé avec la méthode de questionnaire aléatoire qui a porté sur plus de 2000 citoyens répartis entre les Tunisiennes qui ont plus de 18 ans et les Tunisiens âgés entre 18 et 35 ans, dans la période allant du 26 novembre au 09 décembre 2018. Les initiateurs de cette étude ont travaillé à analyser les concepts de vie publique et de vie locale, notamment après les dernières élections municipales qui se sont déroulées en Tunisie en 2018.

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