Gilets Jaunes : 229 ans plus tard la révolution

Selon le chiffre officiel, les Gilets jaunes étaient samedi dernier dans toute la France, pour jouer leur cinquième acte, moitié moins nombreux qu’ils ne l’avaient été le samedi précédent.

A noter toutefois qu’à la fin de la journée, le chiffre donné par la même source est déjà la moitié de celui qui le sera le lendemain. Mais qu’il y ait eu plus ou moins de manifestants pour se faire voir et entendre un peu partout en France, qu’est-ce que cela change, si le but recherché a été atteint, qui est de mettre le pays dans l’état d’urgence comme les fois précédentes?

Pour un mouvement de dimension nationale de ce type, plus ou moins de monde dans la rue, ce n’est pas le plus important. D’autant moins si l’effet recherché est à chaque fois obtenu : bloquer la France, l’arrêter ou même seulement la ralentir ne serait-ce que pour quelques heures dans la journée. Ce qui l’est par contre et au plus haut point, c’est de durer.

Qui veut aller loin ménage sa monture. C’est apparemment ce que font les Gilets jaunes depuis le 17 novembre. La Révolution de 1789, la Référence, n’a été après tout qu’une série de journées.

Combien de samedis pourront tenir les autorités d’aujourd’hui? Autant que les Gilets jaunes ? Ce n’est pas évident. Pour ceux-ci, il suffit de continuer d’occuper les ronds-points pendant la semaine, ces nouvelles barricades, et de se rendre dans les villes et dans Paris – non d’ailleurs tant pour lui-même que pour la haute visibilité qu’il confère – pour tenir la distance. Cette forme de lutte est en soi un pari sur la durée.

De sorte qu’à un moment ou à un autre, les forces de l’ordre voudront les déloger des carrefours, et autres axes routiers qu’ils contrôlent.

La partie ne fait donc que commencer. Un mouvement de cette nature, à la fois social et politique, ne retombera pas faute de troupes impressionnantes à masser sur le pavé des villes, comme on a eu tendance à le penser à la vue de la faiblesse relative du nombre des Gilets jaunes qui sont parvenus au centre de Paris samedi dernier.

La particularité de l’acte 5 est en réalité ailleurs. Il correspond au moment où le mouvement parti à l’origine d’une revendication de pouvoir d’achat achève de devenir un mouvement politique de type révolutionnaire, en avançant pour la première fois de façon claire sa principale demande politique, celle-là aussi qui les ramasse toutes : le référendum d’initiative citoyenne.

A vrai dire, les Gilets jaunes sont révolutionnaires dès leur apparition au grand jour, par leurs formes de lutte, leur horizontalité, leur détermination, leur rejet de la classe politique, et bien sûr par leurs revendications. Mais par-dessus tout par leur conscience politique.

Mais maintenant qu’ils déclarent ne voir de solutions à leurs problèmes en dehors d’une révision constitutionnelle, destinée à mettre en place l’instrument de la démocratie directe, le RIC, ils décident du même coup en quelque sorte de tomber le masque, de se présenter pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des révolutionnaires.

Les deux jours précédant le 5e acte, quelques-uns des plus médiatiques d’entre eux ont donné rendez-vous aux médias devant la salle historique du Jeu de Paume à Versailles, pour faire leur propre serment, mais en veillant à reprendre quasiment terme à terme celui qui a été fait, il y a 229 ans, par les représentants du tiers état. De ne pas se séparer avant d’avoir donné à la France une nouvelle constitution.

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