Trump révèle la seule raison du maintien américain en Syrie et au Moyen-Orient – 09 décembre 2018

Par Mahran Nizar Ghatrouf

Depuis son arrivée au pouvoir il y a deux ans, pas une fois Trump n’a trouvé l’occasion de révéler la motivation secrète et fondamentale ni la raison essentielle qui poussaient les administrations américaines successives à « rester » au Moyen-Orient en général, et dans l’Est syrien en particulier.

Dans un discours tenu à la fin du mois de mars dernier, Trump avait annoncé l’intention de son pays de se retirer de Syrie, arguant du fait que Washington avait réalisé son objectif à l’Est de l’Euphrate, et qui était, selon ses dires à l’époque, « se débarrasser d’ISIS ». Il laissait faire les autres partenaires de Washington en se justifiant par : « nous avons grandement atteint l’objectif de notre présence »… ! Que s’est-il passé depuis ? Et pourquoi ce « prétendu » retrait ne se fait-il pas ?

Si ISIS a été largement et pratiquement défait en Syrie et en Irak, si le terrorisme qui a submergé la Syrie en particulier, et la région en général, a été maîtrisé, et si la plupart des zones et des villes qui ont été dominées par ce terrorisme durant ces dernières années ont été libérées en Syrie, en Irak et au Liban, alors pourquoi ces atermoiements et ces manœuvres américaines dilatoires pour maintenir sa présence ?

La réponse est simple : Israël. Malgré tous les développements qui, jour après jour, vont à l’encontre des intérêts américains, les choses se résument en somme à « Israël ».  Le 27 novembre, lors d’une interview au Washington Post, Trump déclarait en s’interrogeant : « Allons-nous rester dans cette région ? Il n’y a qu’une seule raison pour notre maintien, c’est Israël ». Il soutenait que l’importance du pétrole, raison de la présence américaine, s’estompait, la production américaine étant plus forte que jamais, au point que « nous n’aurons pas besoin de rester là-bas », c’est-à-dire au Moyen-Orient, selon ses dires.

Au beau milieu des controverses américano-américaines et mondiales soulevées par l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi et des implications de l’affaire, Trump déclarait le 22 novembre : « Si vous prenez Israël en considération, Israël sera en grande difficulté sans l’Arabie saoudite. Qu’est-ce que cela signifie ? Voulez-vous qu’Israël quitte la région ? »

Il semble que la diversion délibérée et le louvoiement pour détourner l’attention de la principale raison qui motive la présence américaine au Moyen-Orient, surtout dans l’Est syrien, soient désormais inutiles avec une personne comme l’actuel président à la Maison Blanche. C’est probablement ce qui explique les conflits internes qui opposent son administration à ses adversaires.

Aujourd’hui, l’objectif implicite et avoué à la présence américaine à l’est de l’Euphrate est la protection de la sécurité et la survie d’Israël, la base occidentale avancée en Orient, et qui, chaque jour, devient apparemment un fardeau et un poids de plus en plus lourd pour ceux qui l’ont créée et ceux qui se sont engagés à la protéger !

Mais ce qui est déplorable, c’est que Washington subordonne le retrait de ses troupes de l’est de l’Euphrate au retrait des forces iraniennes (rien que des « conseillers » ne cesse de proclamer l’Etat syrien) pour exaucer le désir israélien qui perçoit cette présence iranienne comme un danger.

Est-ce vraiment ça l’Amérique ? La superpuissance qui marchande sa présence avec celle des forces ou des conseillers de l’État régional iranien ?

Et Téhéran est-elle vraiment devenue aujourd’hui l’unique souci d’Israël en Syrie ?

Qu’en est-il alors du « Kornet » de la résistance palestinienne apparu récemment à Gaza ?

Et qu’en est-il de l’opération « Bouclier du Nord », lancée dernièrement par Tel-Aviv, et de son expédition à la recherche des « tunnels » de la résistance libanaise Hezbollah ?

Et qu’en est-il des missiles dissuasifs auxquels Tel-Aviv a été confrontée la veille du 29 novembre, lors de sa première tentative, soldée par un échec, de tester l’efficacité des « S-300″ que l’Etat syrien avait reçu de Moscou il y a deux mois, après l’abattage de l’avion russe « Il-20″ la nuit du 17 septembre ?

Visiblement, tous les efforts de l’administration américaine actuelle tendent vers cette seule finalité : chercher à obtenir l’assurance d’éviter la guerre à Israël, une guerre qui, selon toutes les données, pourrait bien être celle de sa disparition.

Washington est aujourd’hui tout à fait consciente de la force de l’axe de la résistance, conjuguée à la force croissante conséquente au partenariat stratégique établi avec le nouveau pôle mondial russe qui, depuis sa décision stratégique de répondre à l’appel de l’Etat syrien et d’intervenir, en octobre 2015, avec ses forces aérospatiales, aux cotés de l’armée syrienne pour affronter la vague du terrorisme mondial qui a ravagé la Syrie, n’a pas raté l’occasion d’accumuler la puissance , jour après jour. Aujourd’hui, sa dissuasion politique équivaut sa politique de dissuasion qui l’a proclamée superpuissance et pôle mondial dans l’axe de la lutte contre le terrorisme.

Tout ce que Washington entreprend à l’Est de l’Euphrate, avec son alliance internationale illégale, allant du bombardement quasi quotidien des secteurs et villages arabes de la ville de Deir-Ezzor, aux récentes attaques contre les positions de l’armée syrienne dans la région de Sokhna, au soutien des résidus de combattants d’ISIS, à  la commercialisation continuelle d’un chimérique « canton fédéral  » aux séparatistes kurdes, au retardement autant que possible de la bataille d’Idlib … et qu’elle présente comme de puissants atouts, n’est rien d’autre que du chaos. L’ensemble de ses manœuvres ne sont que « tactiques » et à court-terme pour gagner plus de temps, dans l’espoir que quelque chose survienne dans certaines coulisses, quelque part, pour que Washington obtienne des garanties déterminantes quant à la protection de la sécurité et la survie d’Israël, seul motif pour son maintien dans ce Moyen-Orient et Syrie, selon Trump … ! Cet Israël confus, qui vit aujourd’hui ses pires conditions et ses heures les plus sombres. Mais nous pensons que tout ceci est inutile, la région aujourd’hui n’est assurément pas la même qu’hier …

Article en arabe 

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