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Le conflit du Sahara : prétexte historique à un déficit démocratique ?

Le conflit du Sahara Occidental apparaît comme le principal facteur de blocage dans la construction de l’UMA. Il illustre l’incapacité de l’Algérie et du Maroc à sortir d’une relation de méfiance, voire parfois d’hostilité, depuis « la guerre des sables » de 1963. Le conflit du Sahara Occidental a été surtout une formidable opportunité politique d’asseoir leur autorité. Pour la monarchie Marocaine, il lui a permis de s’approprier le sentiment nationaliste alors porté par le mouvement de l’Istiqlal qui faisait de la cause du Grand Maroc l’un de ses combats politiques. Pour le régime algérien, il a représenté un moyen de justifier le pouvoir d’une armée et d’entretenir le sentiment nationaliste.

L’avantage du conflit saharien est évident : il a permis aux deux Etats de masquer les différents projets de développement économique et d’instaurer, sous couvert d’un sentiment nationaliste, des régimes politiques autoritaires qui n’ont pas manqué de verrouiller leurs scènes politiques. Aussi, le déficit démocratique de l’Algérie et du Maroc explique pourquoi au cours de ces deux dernières décennies ce conflit est devenu un prétexte à l’établissement de relations hostiles.

Confrontés à des critiques internes sur la violation des droits de l’homme, la corruption, la concentration des richesses et l’absence de liberté, l’Algérie et le Maroc ont trouvé dans le conflit du Sahara Occidental l’occasion de déverser, à travers une presse complaisante, des préjugés et des clichés sur l’Autre, dans l’espoir de rallier à leur cause, une population, frustrée par la dégradation des conditions économiques et sociales.

L’émergence des mouvements islamistes est venue rappeler aux deux Etats l’erreur de leur stratégie. Le basculement de l’Algérie dans la guerre civile (1992-1999) a plongé la société algérienne dans la tragédie et l’a détournée du problème du Sahara Occidental. Les succès grandissants du PJD au Maroc provoquent de vives inquiétudes qui sont à la hauteur des suppositions sur sa forte représentativité dans la société marocaine.

Ainsi, le détournement par la question du Sahara Occidental n’aura que provisoirement gelé les questions de fond qui traversent les sociétés. Comment réduire la pauvreté, combattre le chômage, installer un état de droits, promouvoir la liberté d’expression, etc. Autant de sujets qui jusque-là étaient confinés à la marge du débat public. En fait, l’émergence des mouvements islamistes, illustre à la fois la naissance d’une expression plurielle du politique, mais aussi la vulnérabilité des Etats. Le basculement dans la violence, sous forme de guérilla ou d’actions terroristes, démontre la fragilité des communautés politiques.

Dans cette perspective, le conflit du Sahara Occidental ne peut être tenu pour le facteur explicatif majeur du blocage du processus d’intégration en Afrique du Nord. En fait, il illustre davantage l’incapacité des principaux pays de la région d’édifier une stratégie commune en dépit du bon sens et des intérêts mutuels communs qui en découleraient.

Source : Euromesco

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