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L’étoile lumineuse, par Abdurrahaman Boudda

Ahmed revint à pas lents à la khaïma, il n’a pas trouvé ses amis de jeu. Son Grand-Père Moulay est allongé dans les dunes sur une couverture, en regardant fixement le ciel de cette nuit étoilée, ténébreuse et chaleureuse de la hamada. Safia, la mère de l’enfant, est en train de préparer le thé.
– Tu regardes quoi papi ? – dit Ahmed se reposant.
– Tu vois cette étoile lumineuse ? – dit Moulay indiquant avec son doigt à l’ouest – si nous pouvions être là, je pourrais te dire beaucoup de choses, j’ai tant de questions.
– Qu’est-ce que je peux voir à partir de là ? – demanda l’enfant avec beaucoup de curiosité.
– Tu vois les belles côtes sahraouies de L’Océan Atlantique, où reposent des centaines de bateaux. À quelques kilomètres de là-bas est Laayoune, la capitale de notre cher pays occupé, avec ses belles rues maintenant inondées de gens bizarre avec chilabas et turbans blancs. Il y a ensuite Sakia el Hamra, l’un des plus grands fleuves du Sahara Occidental. Tu verras aussi la route goudronnée qui s’étend comme un long serpent noir et aboutit à Smara, la capitale culturelle de notre nation, avec ses mosquées, ses écoles coraniques et les hommes sages. Plus ici, vers l’ouest, tu verras le mur défensif marocaine où sont enterrés des milliers de soldats agresseurs, lourdement armés, morts en comptant les jours qui leur manquent pour prendre leurs congés et visiter les leurs au Maroc. Je n’aime pas m’arrêter à la vue dans cet horrible projet de mort qui divise les familles, les animaux et la terre du Sahara – dit le grand-Père en agitant sa tête et il a ajouté – puis tu verras les territoires libérés de Birlehlu et Tifariti, où flotte le drapeau de notre Pays. Là nos compatriotes respirent l’air de la liberté. Enfin voilà la frontière du Sahara avec le Maroc, le témoignage de grandes angoisses et d’atrocités qu’ont subies les Sahraouis au cours de leur exode collectif vers les camps de réfugiés de Tindouf, où toi et moi sommes maintenant à bavarder, attendant le joyeux jour de retour à notre terre adorée
Abdurrahaman Boudda
Un conte du poète Sahraoui Abdurahman Boudda, dessiné sur le sable par les participants à l’atelier de l’étoile lumineuse de Federico Guzmán. Voix Hallam Isalmou. Musique « Prélude à l’ après-midi d’ un faune » de Claude Debussy. Montage musical Michel Suarez.
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