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Mohammed VI interpellé à nouveau sur l’assassinat de Ben Barka

Le dossier du kidnapping du leader charismatique de la gauche marocaine, Mehdi Ben Barka, à Paris, il y a 49 ans, ne cesse de hanter les nuits du Makhzen, et de son monarque. D’autant que le mystère reste entier sur le plus célèbre enlèvement politique de ces 50 dernières années.
Dans la capitale française, les amis de la famille Ben Barka, des ONG françaises, ont commémoré la disparition de Ben Barka, et demandé aux autorités françaises de faire toute la lumière sur un acte qui a été un véritable défi pour l’État français, et son incarnation, d’alors, le Général De Gaulle. »Les raisons et les complicités d’États continuent de protéger les assassins, »les gouvernements, français et marocain, doivent aider l’action de la justice pour la vérité ». 
C’est sous ces deux slogans que plusieurs ONG et associations de défense des Droits de l’homme, en France, ont commémoré, hier mercredi, à Paris, devant la Brasserie Lip, au Boulevard Saint-Germain, le 49e anniversaire de l’enlèvement du leader et opposant de la gauche marocaine, Mehdi Ben barka. Pour l’Asdhom, l’AMF (Association des Marocains en France), l’ATMF (Association des travailleurs maghrébins en France), ou l’AMDH-Paris, et plusieurs autres ONG; il s’agit, aujourd’hui, plus que jamais de faire la lumière sur cette affaire, et entendent réclamer toute la vérité sur la disparition de Mehdi Ben Barka. Mais, pour sa famille, l’essentiel est que, jusqu’à aujourd’hui, aucun élément de vérité palpable n’a été donné pour expliquer, sinon éclaircir, les nombreux coins d’ombre d’un enlèvement politique surmédiatisé, et même porté à l’écran “L’Attentat”. Histoire de barbouzes, français et marocains, aidés par des voyous fichés par la DST, l’enlèvement de Mehdi Ben Barka est imputé à Hassan II. 
L’actuel patron de la Gendarmerie royale, le général Hosni Benslimane, à l’époque capitaine, serait l’un des rares protagonistes, de ce dossier, encore en vie. Un premier procès de l’affaire Ben Barka s’est achevé par un arrêt de la Cour d’assises de la Seine, le 5 juin 1967, et n’a pu faire la lumière, ni sur les circonstances de l’enlèvement, ni sur ses suites tragiques. Pour autant, l’instruction de l’affaire reste, 49 ans après les faits, toujours en cours, après la plainte contre ‘’X’’, déposée à Paris, le 21 octobre 1975, par Bachir, le fils aîné de Ben Barka. Au Maroc, le dossier ‘’n’existe pas’’, les autorités locales ayant refusé à plusieurs reprises, en 2004 et 2010, de collaborer avec le juge français, Patrick Ramaël, chargé du dossier. 
Malgré la mise en place d’une instance chargée d’enquêter et de rétablir la vérité, rien n’a été fait sur l’affaire Ben Barka, qui aurait été ramené, lors de son enlèvement, le 29 octobre 1965, de Paris à Rabat, dans un camp réservé par les services de sécurité marocains aux opposants politiques. Ce camp était situé sur les hauteurs de Rabat, près de l’ex-Palais de Challah, et Ben Barka y aurait été assassiné, puis jeté dans un fût rempli d’acide, selon des témoignages de militants, mais non encore authentifiés, après les auditions organisées par l’IER, pour faire oublier les années de plomb au Maroc (1958-2004). 
Si, à Paris, l’instruction est toujours ouverte, au Maroc, le dossier ne l’a jamais été, en dépit de quelques avancées en matière de respect des Droits de l’homme, des disparitions politiques forcées et de la torture systématique dans les geôles des services de sécurité marocains. »La justice marocaine ne s’en est pas saisie, malgré une récente tentative faite par l’USFP’’, le parti de l’ex-leader socialiste, Mehdi Ben Barka, s’interrogeait la presse marocaine. Pour autant, si, officiellement, au Maroc l’affaire ‘’n’existe pas, 49 ans après’’, même au milieu d’une monumentale littérature sur l’un des plus tristement célèbres assassinat politiques du siècle dernier, les ONG locales des Droits de l’homme estiment que le moment est venu pour qu’éclate, enfin, la vérité et que les responsabilités marocaines soient mises en évidence. 
Plusieurs ONG marocaines des Droits de l’homme avaient appelé, à la suite de la levée du secret défense et la reclassification du dossier, en 2005, par Michèle-Alliot Marie, ex-ministre française de la Défense, les autorités marocaines à ‘’participer à faire toute la vérité sur l’affaire Mehdi Ben Barka’’, et à ‘’lever le secret sur les documents et archives’’, concernant cette affaire. Peine perdue. ‘’Français et Marocains ont participé à cette opération d’enlèvement, mais j’insiste sur le fait que la vérité est à Rabat’’, estime l’infatigable Maurice M. Butin, avocat de la famille Ben Barka, pour qui ‘’plusieurs personnalités marocaines, encore en poste, connaissent bien ce dossier ».
Mokhtar Bendib
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