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UMA : Les désirs du Qatar et la réalité du terrain

El Djazeera a invité des politiciens et des académiciens maghrébins pour débattre de l’Union du Maghreb arabe qui refuse de voir le jour. Selon ce qu’il en est ressorti de leurs « savants » débats, deux obstacles majeurs se sont dressés sur le chemin de cette construction souhaitée par tout le monde. Un : la question du Sahara occidental qui rend impossibles les relations entre l’Algérie et le royaume marocain. Deux : le «printemps arabe» qui a refusé d’éclore ses bourgeons empoisonnés dans cette partie de l’Afrique du Nord, c’est-à-dire, en Algérie, pour être plus précis. Et plus sincère que les débatteurs parmi lesquels se trouvait un ex chef du gouvernement algérien, M. Benbitour, pour ne pas le nommer. 
Au-delà de l’opportunité de tels débats, à propos de laquelle on peut légitimement s’interroger, il y’a une première constatation à faire. Le Qatar et El Djazeera, qui ne nous pardonnent pas de ne pas avoir accédé à leurs désirs de nous faire subir une « révolution venue d’ailleurs », guettent la moindre occasion pour fixer les projecteurs sur le pays Et la moindre étincelle pour nous crucifier, avec l’aide de leurs commanditaires de l’OTAN. Mais passons puisque l’on est sûr qu’il existe encore des experts «algériens» qui vont être prompts à nous traiter de vieux jeu en nous ressortant « la manie de voir la main étrangère partout » ! 
Passons, donc, pour dire que, selon nous, ce qui fait obstacle à la construction de l’UMA ne relève ni de la question du Sahara occidental ni de l’hiver arabe. Ces deux prétextes, pris pour causes par les académiciens des débats d’El Dazeera, sont tout à fait anachroniques. Et mal à propos. Ce qui fait problème, en vérité, c’est la nature même des régimes des cinq pays maghrébins et les égotismes intrinsèques de leurs dirigeants qui font patiner la machine. Si cela ne tenait qu’aux peuples qui se partagent la géographie, l’histoire, la culture et même les liens familiaux et les problèmes, l’UMA sera construite demain. Mais les peuples, comme toujours, n’ont rien entre les mains. Et surtout pas le pouvoir politique de décider d’une telle fusion. Du reste et pour être très franc, à quoi peut bien servir une union maghrébine quand les cinq pays ne produisent rien pour les marchés extérieurs, excepté le pétrole algérien et libyen et la drogue et le tourisme sexuel marocain et tunisien. 
L’accélération de la réalisation de cette Union à laquelle semble s’être attachée le Qatar, par le biais de sa boîte magique El Djazeera ne peut, en l’état actuel des choses, servir que les intérêts marchands des producteurs occidentaux. Cet ensemble, qui est le plus important du monde arabe, en matière de population et donc de marchés, fait saliver les occidentaux. Mais, il n’y a pas que cela. 
Il y’a, également, le fait que des pays comme la France, les Etats-Unis ou même Israël, aimeraient bien que cette union se réalise au plus vite afin d’en tirer des dividendes autant économiques que politiques. Car imaginons un peu que demain soit réalisée l’UMA. Et que démocratiquement, elle ait une présidence tournante. Qui nous dira à quoi servira cet ensemble quand la présidence est assurée par le Maroc dont on sait les accointances avec Israël et La France ? Et quand ce sera le tour de la Libye qui s’est livrée pieds et poings liés à des puissances étrangères ? Quid des intérêts des peuples de l’UMA alors ? Mais bon, on ne peut pas reprocher au Qatar de faire avancer les agendas de ses protecteurs occidentaux par le biais d’El Djazeera. Il ne fait que son job. Un sale job, bien sûr, mais c’est le sien et il l’assume bien. 
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