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Relance de l'Union du Maghreb arabe Le jeu trouble du Maroc

Après une courte période de réchauffement, les relations algéro-marocaines semblent s’enliser encore une fois. Les espoirs de relance de l’Union du Maghreb arabe (UMA) s’amenuisent tout d’un coup, somme toute le jeu malsain, voir pervers, dans lequel se complait Rabat. Revirement spectaculaire, le Maroc vient de remettre sur la table les grandes questions en suspens avec l’Algérie, dans le dessein de torpiller le sommet de l’UMA, prévu à Tabarka en Tunisie avant la fin de l’année en cours. Alors que les autorités tunisiennes ont arrêté la date du 10 octobre prochain pour la tenue de ce sommet historique, Alger réagit prudemment mais sûrement et Rabat ouvre carrément les hostilités, question de bloquer, encore une fois, la relance tant espérée de l’UMA. 

En effet, le chef du gouvernement de sa Majesté le roi du Maroc a récemment qualifié de formel cette réunion au sommet pour la relance de l’UMA, telle que voulue par Moncef Marzouki néo-président tunisien lors de sa visite, l’an dernier, dans les deux pays. « Les peuples marocain et algérien sont unis par des liens d’amitié et de fraternité mais il est désolant que la direction algérienne soit d’un autre avis sur la question de notre intégrité territoriale », a déclaré récemment le ministre du Makhzen, en allusion directe au conflit du Sahara Occidental. Aussi remet-il sur la table la réouverture des frontières terrestres algéro-marocaines fermées depuis 1994, comme condition à toute normalisation des relations et relance effective de l’ensemble maghrébin. Toutefois, le soudain revirement du Maroc quant à l’organisation d’un sommet pour la relance de l’UMA ne s’explique que par la débâcle diplomatique qu’il a subie concernant la situation au Sahara occidental. 

Pourtant, le Maroc avait fait montre d’une grande disponibilité de coopérer à cette initiative, à travers la visite d’abord à Alger de son nouveau ministre des Affaires étrangères, issu de la majorité islamiste au Parlement, suivie de la réunion des MAE de Rabat et de celle d’Alger sur la sécurité. Jusque-là tout était bien parti n’était-ce cette nouvelle sortie perverse de Rabat, qui explique à l’opinion internationale, de ce fait que le blocage de l’UMA vient justement du Maroc. Donc, de forts doutes planent sur le prochain sommet de Tunis, qui se voulait une lueur d’espoir dans un contexte régional des plus complexes, marqué par la montée des révolutions arabes et de l’ingérence étrangère flagrante dans les affaires internes des pays en développement. 

Les dernières déclarations du chef du gouvernement marocain s’apparentent à un chantage à peine déguisé, qui vise à faire pression sur Alger avant la tenue dudit sommet maghrébin. Cependant, les réponses de l’Algérie ont toujours été claires concernant la réouverture des frontières terrestres entre les deux pays et la question du Sahara Occidental. Pour le moment, Alger ne répond pas aux provocations du Royaume, mais tout porte à croire que le prochain sommet de l’UMA ait de fortes chances de ne pas avoir lieu. Le jeu trouble pour lequel s’adonne Rabat va l’enfoncer sur la scène internationale, étant l’une des dernières colonisatrices dans le monde. Déjà épinglé par l’envoyé spécial des Nations Unies dans la région, le Maroc persévère dans sa logique cynique. 
Par M. Ait Chabane

Les Débats, 29/07/2012
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